« Faire croire aux consommateurs qu'enlever certains produits cosmétiques jugés délétères pour la santé pour les remplacer par d'autres, bio ou non, résout tous les problèmes est hasardeux, voire dangereux, prévient le Pr Annick Barbaud, dermatologue à l'hôpital Tenon à Paris. Le problème est simplement déplacé ; le produit de substitution peut également être mal toléré ou avoir un effet aggravant. Il est important de rassurer les consommateurs et de les informer sur la toxicité réelle et sur les dangers supposés des ingrédients remis en question. »
Très décriés, les perturbateurs endocriniens (PE) sont des composés exogènes potentiellement néfastes pour l'organisme et la santé humaine. Il en existe plusieurs types : benzophénones, benzylidène camphre, oxyde de titane. Même si de multiples études ont porté sur leurs effets in vitro, certains chercheurs jugent qu'il est encore trop tôt pour qualifier leur action de perturbatrice. En outre, les études ont été menées chez l'animal soumis à une exposition orale aux PE, il est donc difficile d'évaluer leur pénétration à travers les couches de la peau ou leur passage dans le système vasculaire.
La galénique peut avoir un fort impact sur l'effet PE d'un produit cosmétique fini. Concernant les PE des plastiques contenant du bisphénol l'alerte est donnée à ce jour sur l'éviction de contact avec la bouche, mais il n'y a pas d'alerte sur le packaging des cosmétiques. En revanche, la résorption au travers la peau des parabènes utilisés comme conservateurs est possible mais ils entraînent peu de sensibilisation de contact. « La diminution drastique de leur utilisation dans les cosmétiques les a fait remplacer par d'autres conservateurs parfois très nocifs comme la MIT (méthylisothiazolinone) à fortes concentrations dont on connaît l'épidémie d'eczéma de contact qui en a résulté », rappelle la dermatologue.
Le silicone est sûrement l'ingrédient le plus largement étudié, et même si les silicones ne sont pas biodégradables, ils sont reconnus comme étant sûrs pour leur utilisation dans des applications cosmétiques, médicales et pharmaceutiques. La réglementation des silicones volatils utilisés en cosmétique a été récemment modifiée du fait de leur possible bioaccumulation et rejet dans l'environnement. Ainsi, après le 31 janvier 2020, aucun produit cosmétique à rincer contenant plus de 0,1 % de silicones volatils ne pourra être mis sur le marché. Quant aux silicones non volatils, leur totale innocuité reste d'actualité.
Les produits d'hygiène sur la sellette
Autre point d'interrogation : les sulfates des produits lavants. Le terme regroupe une famille de tensioactifs anioniques très utilisés du fait de leur faible coût. Ils permettent d'éliminer toutes les molécules grasses sur la peau dont les lipides de surface ; c'est cette propriété qui les rend irritants. Leur utilisation devra être faite avec précaution sur les peaux réactives ou le cuir chevelu enflammé, en privilégiant les produits contenant des laureth sulfates, mieux tolérés que les lauryl sulfates.
Il existe aussi une controverse sur l'exposition à l'aluminium. Certains ont soulevé le lien entre l'utilisation d'antiperspirants et la présence de sels d'aluminium dans la glande mammaire. À ce jour, le rôle des antiperspirants dans la diffusion de l'aluminium demeure à établir et sa présence ne permet pas de l'incriminer dans le développement du cancer du sein. Il faut savoir que la pierre d'alun proposée comme alternative contient des sels d'aluminium. Quant aux microbilles plastiques de polyéthylène contenues dans les exfoliants ou peelings à rincer à l'eau, elles ont été bannies en raison de la toxicité des microplastiques pour la faune marine.
Les huiles essentielles avec précaution
Dans une importante vague de retour aux produits naturels, les huiles essentielles (HE) ont fait une grande entrée dans la thérapeutique et dans les cosmétiques. Ce sont des mélanges complexes qui concentrent les substances actives, odorantes, mais aussi réactives des végétaux. Leurs principaux constituants sont les terpènes volatils qui donnent rapidement des produits de dégradation et allergisants (limonène, linalol…). « Elles peuvent contenir des résidus de pesticides et entraîner des allergies. Celles mises en cause le plus souvent sont l'arbre à thé (tea tree) qui entraîne un eczéma ou pseudo-érythème polymorphe, et l'HE de lavande, responsable d'eczéma professionnel chez les masseurs et kinésithérapeutes », observe la spécialiste. Quant à l'HE de nigelle (nigella sativa), on a constaté des allergies de contact très graves pouvant nécessiter une hospitalisation. L'inquiétude vient aussi des mélanges cosmétiques d'HE à préparer soi-même. Le client est seul responsable des effets délétères s'il ne respecte pas la formule et applique de fortes concentrations d'HE.
D'après une conférence de presse de la Société française de dermatologie (SFD)
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