LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Vous avez réalisé une enquête sur le marché de la cosmétique naturelle*. Quelles sont les particularités de ces produits ?
SABRINA TIPHANEAUX.- Ils sont formulés à partir d'ingrédients naturels, pour lesquels la présence de substances pouvant être nocives pour l'utilisateur ou l'environnement est limitée ou totalement absente. En pratique, la présentation de l'offre n'est pas toujours très claire pour le consommateur. Il y a en fait trois types de positionnement. La marque bio, qui répond à un cahier des charges agréé par un organisme comme Cosmébio. Pour ce dernier, un cosmétique bio doit comporter au moins 95 % d'ingrédients naturels. Il y a aussi les marques non bio, mais dites naturelles parce qu'elles comportent des produits d'origine végétale, minérale ou marine en proportion importante. Troisième positionnement, plutôt axé sur le marketing, celui des marques qui intègrent un ou plusieurs ingrédients naturels, mais dont la composition reste assez proche d'un cosmétique conventionnel, avec l'intégration de produits de synthèse.
Comment se porte ce marché, en considérant les trois segments que vous venez d'évoquer ?
Les ventes de cosmétique naturelle tous circuits confondus se sont élevées à 210 millions d'euros en 2007, avec des progressions comprises entre 30 et 40 % au cours des dernières années. C'est plus que le marché global de la cosmétique en France, qui ne progresse plus que de 3 à 4 % par an. Mais le marché du naturel reste encore très restreint, avec 2 à 3 % du chiffre d'affaires total de la cosmétique.
La croissance de ce marché va t-elle selon vous se poursuivre ?
Oui. Selon nos estimations, il doit représenter, à l'horizon 2012, entre 10 et plus de 13 % du marché français total des cosmétiques. Soit un chiffre d'affaires compris entre 780 millions et plus d'un milliard d'euros.
Quels sont les ressorts de cette croissance ?
Ces produits bénéficient du repli des consommateurs par méfiance vis-à-vis de substances présentées comme nocives. Au premier rang de ces dernières, le paraben, bien sûr, mais aussi des colorants et des parfums, comme les phtalates. La seconde raison pour laquelle cette cosmétique connaît un engouement est la tendance actuelle à l'écologie, au respect de l'environnement et au souci de commerce équitable. Et puis, il y a aussi l'offre qui s'élargit. Le nombre de marques de cosmétique bio est passé de 40 en 2006, à 100 en 2007 et à 140 début 2008. Il faut également noter que les produits bio ont bénéficié, ces dernières années d'importantes innovations offrant aux consommateurs un confort d'utilisation proche, voire comparable, aux cosmétiques classiques. Ce progrès est ressenti au niveau des parfums, des textures ou encore de la durée de conservation.
Quels sont les produits qui se vendent le mieux ?
Les références les plus vendues sont d'abord les soins du visage (35 % du chiffre d'affaires total en 2007), les soins du corps (33 %) et les produits d'hygiène et de toilette (15 %). Les shampoings, le maquillage, les produits bébé ou solaires arrivent loin derrière, avec moins de 5 % de parts de marché chacun. Pour certains de ces produits, les habitudes de consommation ne sont pas encore tournées vers le bio. C'est notamment le cas pour le maquillage ou les produits capillaires.
Ce n'est donc pas qu’une question de profil de consommateur. Pouvez-vous pourtant nous rappeler qui sont les férus de cosmétique naturelle ?
Ce ne sont plus seulement des personnes présentant des allergies, une sensibilité cutanée ou des « militants écolos ». Ces achats se sont démocratisés. Plus de la moitié de la population serait aujourd'hui acheteuse de produits de beauté naturelle. Le cœur de cible est la femme active entre 30 et 50 ans, disposant d'un pouvoir d'achat élevé et adepte de produits bio de façon générale.
Quel secteur de distribution parvient le mieux à capter cette clientèle ?
Essentiellement celui des magasins spécialisés, qui réalisent la moitié des ventes en volume en 2007. Pharmacies et parapharmacies arrivent en seconde position, avec 20 % de parts de marché, devant la vente par correspondance (15 %) et les instituts de beauté (10 %). Il est vrai que les produits naturels restent un marché de niche pour les pharmaciens, avec moins de 1 % de leur activité en volume. Mais l'officine bénéficie de la confiance des consommateurs. Et de nombreuses marques ont opté pour une distribution exclusive dans les pharmacies. Cela pourrait donc être une occasion à saisir pour certaines d'entre elles, notamment après étude de leur zone de chalandise.
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