Chine unique ou pas ? Les volte-face de Donald Trump à propos du géant asiatique en début d’année ont remis Taïwan en lumière. Pékin n’a jamais toléré la dissidence de l’île après que les nationalistes, vaincus par les communistes, s’y sont réfugiés en 1949, installant la République de Chine. Aujourd’hui, bien que souverain, l’État de Taïwan n’est pas membre de l’ONU et une vingtaine de pays seulement le reconnaissent. Diplomatie due au grand voisin oblige…
Vue d’Occident, l’île évoque pourtant autre chose, le « made in Taïwan ». Ce label de savoir-faire technologique rappelle le décollage économique fracassant, impulsé après la deuxième guerre mondiale avec le soutien des États-Unis. Il explique aussi le décor de la moitié ouest du pays, plaine urbaine et industrielle ininterrompue sur plus de 300 km, entre Taïpei au nord et Kaohsiung au sud.
Là ne sont évidemment pas les beaux paysages mais la vie quotidienne, les marchés de rue, les temples (10 000 à Taïwan !), les musées, les traditions… Et quelques rizières noyées dans l’eau et le magma citadin.
Marchés de nuit
Agglomération de 3,5 millions d’habitants, Taïpei est la capitale du pays. C’est une pieuvre, aux tentacules constitués d’autoroutes et de quartiers interminables. L’intérêt se niche dans les détails, par exemple le marché de nuit de Shilin. Chaque jour, une armée de petites mains anime les étals de cuisine, les stands de mah-jong et les innombrables boutiques de gadgets. Au hasard de balades, d’autres marchés s’ébrouent au pied d’immeubles sans âme à balcons grillagés. Tandis que le quartier Ximen, surnommé le « petit Tokyo », exhibe sous des néons tonitruants ses boutiques ultramarchandes du XXIe siècle. Achats impulsifs probables !
Le jour, il faut tourner le dos au flot automobile des grands axes et s’enfoncer dans les ruelles. Des caniches habillés dans les bras, de jeunes femmes se pressent d’un pas léger le long de squares arborés, miraculeusement rescapés du béton. Après la visite du mémorial Tchang Kaï-chek et de l’immense musée national du Palais (près de 700 000 œuvres !), monter en haut de la tour-bambou Taïpei 101 le confirme : cette métropole ne s’endort jamais.
Loin de Taïpei, d’autres villes cultivent leur singularité. Lukang, ex-cité maritime endormie sur le détroit de Chine, au centre-ouest de l’île, a conservé quelques maisons chinoises de style qing, aux portes de bois colorées. Son temple, Long-shan, sculptures et peintures sur bois conquérantes, est l’un des plus beaux de Taïwan.
Xiluo, capitale du soja, protège une enfilade de demeures en béton ouvragé des années 1930, construites par des marchands sous l’occupation japonaise. Quant à Chiayi, elle est entrée dans le giron des villes touristiques en 2015, avec l’ouverture d’une extension du musée national du Palais. Sous un bâtiment ultradesign, la muséographie contemporaine décrypte l’histoire du bouddhisme, du textile, du thé, de la céramique… Et partout, l’ineffable gentillesse des Taïwanais fait plaisir à voir.
Parcs nationaux
Les fans de grands décors devront toutefois aller en montagne. Au nord, le massif de Yangmingshan, parc national aux émanations sulfureuses et sources chaudes, est le royaume des promeneurs. À côté, impossible de louper le village de Chiufen, aux ruelles boutiquières, et celui de Pingxi, pour ses envols de lanternes. Chaque année, quinze jours précisément après le Nouvel An chinois, la foule se presse dans ce bourg curieusement traversé par une ligne de train. Le rituel ? Invoquer bonheur et prospérité en lançant dans le ciel des centaines de lanternes enflammées. Un spectacle haut en couleur.
Au centre de l’île, le site de Sun Moon Lake est incontournable. Les couples viennent s’y marier, les écoliers et les touristes se pressent sur ses rives, construites de nombreux hôtels – pas toujours esthétiques. Ce grand lac entouré de montagnes, d’un monastère et de temples est le lieu naturel le plus fréquenté de l’île. La magie opère… à condition que le soleil soit de la partie. Mais il faut monter plus haut encore, dans le parc national d’Alishan, à travers les forêts-soldats d’aréquiers (l’arbre à bétel, mâchouillé par tous les chauffeurs taïwanais) pour enfin se croire en pleine nature. Là est le cœur de Taïwan, sous les ondulations esthétiques de rangs de thé oolong surgies subitement de la brume.
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