La parole est à ceux qui sont sur le terrain. Des professionnels de santé bien sûr, libéraux comme hospitaliers, dont de nombreux médecins comme Franck Devulder, Jean-Paul Hamon ou Stéphanie Rist, mais aussi trois infirmiers, deux aides-soignants, un kiné et deux pharmaciens : Philippe Besset, président de la Fédération de syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) pour représenter l’officine et Céline Morena, pharmacien praticien du Centre hospitalier sud francilien. Mais pas seulement. D’autres experts de la santé ont été sollicités, tel que le représentant des patients Gérard Raymond (France Assos Santé), le patron de l’assurance-maladie Thomas Fatôme, le président du directoire d’Interfimo Olivier Mercier, le professeur émérite d’écologie Patrick Giraudoux et spécialiste de la démarche One Health, le vice-président Healthcare d’IQVIA Jean-Marc Aubert, précédemment à la tête de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) après être passé par le ministère de la Santé et l’assurance-maladie, ou encore l’auteur et neuropsychiatre Boris Cyrulnik.
Amour du métier
Résultat : 160 pages où chacun délivre, « de l’intérieur », ses propositions pour « relancer la machine ». Car les deux auteurs en sont persuadés, le système de santé français, si envié à l’étranger, est à bout de souffle. Et s’il tient encore, « c’est parce que les soignants ont en commun l’amour du métier ». En quatre grands chapitres, ils posent un diagnostic, passent en revue les besoins des patients, font le point sur les décisions de politique de santé et présentent des initiatives de terrain. Ce qu’ils en retiennent avant tout ? Les rencontres avec ces 40 experts, les visages et les gestes, les mots et l’attitude. S’ils s’attendaient à « des débats et des frictions (…) à des luttes anciennes, à des mots durs », ils s’étonnent de l’affectif qu’ils expriment : ils « ne se contentent pas de parler d’eux : ils se font la voix de la population tout entière ». Et s’ils « ne sont pas d’accord entre eux (…) tous défendent la même chose : l’accès aux soins. Le patient ».
Note d'espoir
Fil rouge de cet ouvrage, c’est par le patient (ou l’usager) que la lumière est orientée tour à tour sur les urgences débordées, les EHPAD en sous-effectif, le manque de lits en maternité, les crispations autour du tarif de la consultation médicale, les déserts médicaux, les vocations en berne, l’explosion des maladies chroniques, la permanence des soins, la charge administrative, la téléconsultation, l’exercice coordonné, la crise Covid…
Une note d’espoir ? C’est Philippe Besset qui l’apporte. « Je suis peut-être le ravi de la crèche, mais je fais partie de ceux qui trouvent que le système fonctionne bien. Certes, il y a des marges d’amélioration, mais en réalité, aucun système dans le monde ne peut répondre à la demande croissante de la population (…) Ce qui crée les frustrations, c’est que chaque année, les coups de rabot portent sur l’offre et non sur la demande. Nous avons donc intérêt à travailler sur l’éducation à la santé pour parvenir, dans le temps long, à ce que la population soit moins consommatrice de soins. » Une note d’espoir alimentée par la révolution de la profession ces 10 dernières années, que ce soit sur le mode de rémunération ou sur le développement des compétences, à l’instar de la vaccination.
« Notre Santé est en jeu. Pour sauver le système, écoutons le terrain », de Florence Boulenger et David Ghesquières, éditions Vuibert, 17 euros. En librairie le 24 mai.
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