« C’EST UNE VILLE où il fait bon vivre, on peut tout faire à pied, on sent la chaleur des habitants, on y aime les fêtes, la foire agricole. Il y a beaucoup d’associations, dont celle des jardins ouvriers. » Catherine Depelchin, pharmacienne à Hazebrouck (Nord), évoque avec chaleur sa ville. Conseillère municipale pendant deux mandats, mais dans l’équipe perdante en 2014, elle n’est pas peu fière d’avoir été sollicitée pour présider l’office de tourisme par le nouveau maire, celui qui l’avait battue. « D’ailleurs, dit-elle, lors des récentes élections départementales - où elle a été élue -, les deux équipes ont tracté pour moi. »
Le grand homme d’Hazebrouck est l’abbé Lemire, rappelle-t-elle comme une évidence. La ville consacre d’ailleurs un musée à ce prêtre tellement « nordiste ». Venant d’un village voisin, où l’on parlait français, il apprend le flamand en étant nommé à Hazebrouck, pour parler à tout le monde. Ordonné prêtre en 1878, il est d’abord royaliste (légitimiste), puis deviendra député du Nord, maire d’Hazebrouck, et finira à la Gauche radicale, adversaire de la peine de mort. Son grand œuvre sera la création des jardins ouvriers, il y a maintenant plus de cent ans. « Il voulait que chacun ait son lopin de terre », explique Catherine Depelchin.
Ce parrainage convient bien à la présidente de l’office de tourisme. Engagée au centre droit, elle s’occupait du centre communal d’action sociale (CCAS) et siégeait au conseil d’administration de l’hôpital, « pour aller vers les autres ».
Le tourisme dans cette ville moyenne de 22 000 habitants n’est pas une économie majeure, « il y a très peu d’hébergements ». On y trouve le musée consacré à l’abbé Lemire, un béguinage (ancien couvent de Bénédictines), « la ville attire aussi beaucoup de Flamands, pour le vélo ». Deux ducasses sont organisées, ces fêtes patronales et foraines, si typiques du nord. La ville possède aussi ses géants, de grands mannequins costumés, et portés à bras : Tisje-Tasje, Toria, Babetijjk, et le géant Roland. Ils reçoivent d’autres géants à Hazebrouck, notamment au défilé de la mi-carême, et se rendent à l’invitation de rassemblements d’autres géants.
« Chez nous, la tradition reste très présente, indique la présidente. Il y a, par exemple, une vraie recrudescence des estaminets. » Dans ces bars traditionnels dans le nord, on jouait, on y faisait des soirées, on brassait aussi de la bière parfois. Plus récemment, Hazebrouck a aussi organisé des « Bouquinales », des salons du livre, rassemblant jusque quatre-vingts auteurs. La ville compte d’ailleurs un libraire-éditeur, et deux libraires indépendants.
La grande mission de Catherine Depelchin est maintenant « d’attirer des gens sur le territoire ». Un territoire qui ne manque pas d’atouts, puisque le Nord-Pas-de-Calais est la région de France la plus dense en musées après Paris, et « tout le monde passe par Hazebrouck », explique la présidente. La ville est, de fait, reliée par train à Lille, Paris, Lens, Boulogne-sur-mer, Calais, c’est-à-dire l’Angleterre, la Belgique. « Nous voulons que les gens s’arrêtent, qu’ils descendent du train. » L’office de tourisme, qui compte aujourd’hui trois salariées, va prendre de l’ampleur en devenant communautaire : il concernera alors la Flandre intérieure, avec les villes de Cassel, Bailleul, Wormhout.
La pharmacienne de Hazebrouck, devenue élue « pour voir autre chose que sa pharmacie », et qui « adore la culture », aura alors tout loisir « d’aller vers les autres ».
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