SARDAIGNE ? Non, Cer-da-gne. Entre 1 100 et 1 800 mètres d’altitude, aux confins des Pyrénées-Orientales et de l’Espagne, la Cerdagne est difficile d’accès, raison probable de sa faible notoriété. Même si Font-Romeu accueille des sportifs de haut niveau en stage, la route vers ce haut plateau est rude. À l’est, il faut subir la longue côte depuis Villefranche-de-Conflent. Au nord, le col de Puymorens le coupe de l’Ariège. Côté Espagne, la remontée de la vallée du Sègre vers Puigcerda est éprouvante. Le « Tibet » des Pyrénées se mérite ! Ce territoire a pourtant tout pour plaire. Sous influence méditerranéenne, avec 300 jours de ciel bleu par an, son climat est ensoleillé et son air est l’un des plus purs de France. Pas étonnant que les scientifiques aient installé ici des fours solaires (Mont-Louis, Odeillo…), que l’on peut visiter.
En Cerdagne, les panoramas ne ressemblent à rien d’habituel. Champs cultivés à perte de vue, routes ondulantes de reliefs, urbanisation absente, crêtes pyrénéennes en sentinelles (le Puigmal, le Cambre d’Aze, le Carlit…) : l’impression d’un monde clos est tenace. Une « insularité » qui s’exprime par un catalan proche de celui parlé en Andorre et par la permanence d’une agriculture d’altitude. Bovins, céréaliculture, pommes de terre et navets sont les spécialités locales.
Charmante dans sa globalité, la Cerdagne l’est aussi dans les détails. Hormis le Train Jaune, joyau ferroviaire qui glisse au cœur des paysages, de Villefranche-de-Conflent à Latour-de-Carol – un voyage inoubliable l’été, dans les wagons ouverts et l’odeur de foin coupé –, pas de grands monuments ni de sites prestigieux. À taille humaine, la région distille un petit patrimoine à découvrir par des chemins de traverse.
Vers un paradis perdu.
Côté nature, le lac des Bouillouses s’impose. Ce plan d’eau né d’un barrage est perché à 2 000 mètres, entre des versants de conifères. À pied, le plus bel itinéraire remonte la secrète vallée d’Angoustrine, le long d’un ruisseau. Du lac, les courageux partent à l’assaut du pic Carlit (2 921 m), point culminant de la Cerdagne. À ce grand classique s’ajoutent des balades intimes. Ainsi du détour dans les gorges du Sègre, depuis Llo et ses bains d’eaux chaudes naturelles, ou de l’agréable divagation à saute-frontières, entre Latour-de-Carol et Guils de Cerdanya. En voiture, depuis Enveitg, une petite route grimpe en direction des hameaux de Fanès et de Brangoly, découvrant un paradis perdu agricole et sauvage, au pied de versants abrupts dressés de blocs granitiques.
L’Histoire a laissé filtrer en Cerdagne des influences romanes. Les églises de Sainte-Léocadie et de Llo, aux beaux clochers trinitaires, la chapelle de l’Ermitage, à Font-Romeu (citée dès 1324), celle de Sainte-Marie de Belloc (XIIIe), en témoignent. Quant aux villages, ils font assaut de discrétion. Exceptés Dorres et ses demeures de granit, ou Valcebollère et son amphithéâtre de maisons schisteuses, Ur, Angoustrine, Bolquère… se recroquevillent en ruelles pentues, calfeutrant un rustique bâti campagnard.
Ajoutons une incongruité : Llivia, enclave espagnole en France. Le traité des Pyrénées, en 1659, avait fixé les frontières entre les deux pays… sauf pour la Cerdagne, dont Llivia fut la capitale. En 1660, l’Espagne récupère une partie de ce territoire, excepté 33 villages que la France conserve, pour assurer la continuité entre le Roussillon et le Carol. Mais Llivia ayant statut de ville, elle est exclue du traité et reste en Espagne ! En plus d’un joli patrimoine – les ruines d’un château, une fière église –, Llivia permet aux touristes de dîner tard, lorsque les restaurants français ont déjà tiré le rideau.
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