L’Aquila, un après-midi de décembre. En arrivant place de la Fontana Luminosa, entrée principale de la vieille ville, la première chose que l’on aperçoit est un immeuble emmailloté de bâches… et des chiens. Deux symboles d’une cité en reconstruction, après le tremblement de terre qui a fait 309 victimes, ruiné la quasi-totalité du centre historique et laissé en errance des dizaines d’animaux. Mais le leitmotiv martelé sur les échafaudages de la ville, « L’Aquila Rinasce » (L’Aquila renaît), tarde à se concrétiser. Car la rénovation s’appuie sur des aides et des marchés publics dont l’Italie du Centre et du Sud sait depuis toujours, hélas, ralentir ou détourner l’usage.
Le paradoxe de cette cité abattue est la curiosité provoquée par le séisme. Soudain, des Romains, à 2 heures de route, sont venus voir le désastre et ont décelé sous les ruines une cité jadis prospère. Au cœur de la chaîne des Apennins, la capitale administrative des Abruzzes n’est pas l’épicentre de ce territoire de paysans et de briganti que l’imagerie italienne lui a collé. Fondée en 1248, L’Aquila a connu le négoce de la laine sous les Médicis, l’occupation normande, espagnole, sicilienne… Un fort hispanique, des palais médiévaux, des édifices Renaissance, des églises baroques ont poussé. Aujourd’hui à moitié rebâtis, à l’image de l’église Anime Sante grâce à des fonds français, ces édifices colportent une image différente de la ville. L’Aquila se (ré)embellit, elle enterre ses lignes électriques, réutilise des matériaux anciens… Dans dix ans, elle sera magnifique.
Parcs naturels et villages forteresses
La province l’est déjà et a senti le bénéfice qu’elle pourrait tirer de la notoriété – parfois malsaine - issue du séisme, en attirant les visiteurs pour relancer l’économie. « Nous voulons montrer que les Abruzzes sont une région de gastronomie, de nature, de ski… C’est la seule d’Italie à posséder quatre parcs naturels », indique Stefano Filauro, à la tête de l’agence de voyages Abruzzo Aquilano.
Trois de ces parcs sont nationaux : le Gran Sasso, les Abruzzes et la Maiella. L’un abrite le plus haut sommet d’Italie hors des Alpes (le Corno Grande, 2 914 m), l’autre des loups et une centaine d’ours et tous affichent une flopée de villages médiévaux quasi-déserts magnifiques, agrippés à des éperons rocheux « inaccessibles ». Des exemples ? Santo Stefano di Sessánio, village forteresse à ruelles pavées et passages sous voûtes, planté à 1 250 m d’altitude, dans un océan de montagnes rases. Castel Camponeschi, bourg déserté au milieu d’une forêt rousse. Scanno, village amphithéâtre isolé à 1 000 m, ses petits commerces familiaux tapis au rez-de-chaussée de vieux immeubles en pierre noire. Bominaco et ses étonnantes églises San Pelligrino et Santa Maria Assulta (XIIIe siècle), la première couverte de fresques exceptionnelles.
Sports de montagne
Ce paysage calcaire âpre et tourmenté est prodigue en sites grandioses. Près de l’Aquila, la grotte di Stuffi pénètre plusieurs centaines de mètres sous terre et livre salles géantes, concrétions et cascades. À l’entrée du parc des Abruzzes, la route entaille la roche pour former les gorges spectaculaires du Sagittario. L’été, les pentes sont sillonnées de sentiers pour la randonnée et le VTT, tout comme l’ancien chemin de transhumance de l’Adriatique vers la montagne est transformé en itinéraire cyclable. L’hiver, les versants les plus rudes accueillent les skieurs aux stations d’Ovindoli, de Campo Felice ou de Roccaraso, une alternative inédite aux Alpes.
L’Histoire, enfin, n’est pas absente. Les Romains ont laissé leurs traces. On les retrouve à Sulmona, belle cité gothique et Renaissance, capitale italienne des dragées confettis (la meilleure boutique est Pelino), qui vu naître le poète Ovide. À Avezzano, au Ier siècle après J.-C., les ouvriers romains ont percé un tunnel de près de 6 km sous la montagne, pour vider le lac Fucino, dont les débordements menaçaient la population. Réaménagé au XIXe, l’ouvrage de titan fonctionne toujours et devrait s’ouvrir prochainement à la visite.
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