S’IL N’Y AVAIT l’océan et les plages, qui viendrait aux Seychelles ? Puisque c’est l’image de ce pays de 115 îles et seulement 87 000 habitants, autant rentrer dans le vif du sujet. Oui, les plages seychelloises sont magnifiques. Elles le doivent à une géologie originale : détachées de l’Afrique il y a des millions d’années, les îles intérieures (au nord) sont de relief granitique et les rochers polis par les vagues « tombent » sur le sable immaculé. À chacun ses préférences. Les plages d’Anse Source d’Argent, à La Digue, sont les plus célèbres. Les blocs rocheux posés entre les cocotiers ont la beauté du Diable. D’autres se distinguent : Anses Lazio et Georgette (Praslin) parfaitement concaves ; Anse Cocos (La Digue), déserte même en haute saison ; Anse Takamaka (Mahé), havre ombragé au sud de l’île ; Anse Manon (Sainte-Anne), vierge de touristes…
Le tour des plages entrevoit une autre richesse. On le remarque vite : le français est la langue du cœur des Seychellois. Le créole lui emprunte beaucoup et ses simplifications sont exquises. « Asiz byen a tab e manz trankilman » recommande ainsi aux enfants une phrase sur le mur de l’école de l’île Silhouette. Le bâtiment du « Quai d’Orsay » seychellois ne s’appelle-t-il pas « Minister Zafer Etranzer » ?
Colonie française puis anglaise, les Seychelles sont indépendantes depuis 1976 et ont conservé un multi-ethnisme d’origine, blanc, africain et indien. L’architecture coloniale souligne l’aisance des anciens planteurs (canne à sucre, coton, noix de coco…) et administrateurs. À Victoria, le gouverneur Queau de Quinssy a ainsi légué une splendide maison à double étage et balcon de la fin du XVIIIe siècle, siège du ministère cité plus haut. L’hôpital anglais de 1924 présente son joli carré à deux niveaux bâti autour d’un jardin, avec de remarquables ferronneries d’escaliers. Construite en 1855, Kenwyn House est un bel exemple d’architecture française. Plantation House, à La Digue, rappelle la fortune d’une famille mauricienne émigrée aux Seychelles au XIXe ; son salon old fashion, sa cuisine immense et ses volets à persiennes ont servi au tournage d’un film de la série « Emmanuelle ». Quant à la vieille maison de l’île Silhouette – aujourd’hui excellent restaurant créole de l’hôtel Hilton –, elle ravive le souvenir de la famille Dauban, qui employait au XIXe plus de 200 ouvriers sur sa plantation de coprah, cannelle et vanille.
Marché et bus local.
Au rythme tranquille des tropiques seychellois, bercé par l’inévitable « na pas problem » des locaux, le quotidien s’organise au gré des venues des touristes et de la pêche, les deux piliers économiques. Le marché de Victoria est le cœur de la vie sociale. Ses étals poissonniers et fruitiers, ses échanges savoureux en créole prolongent l’animation de Market Street et de ses échoppes tenues par des Indiens. Principale minorité de l’île, ces derniers ont leur temple, Arul Mihu Navasakthi Vinayagar, petit bijou d’art hindou. Le dimanche, la communauté vient prier au son du tambour et du shehnai. Le même jour, les anglicans chantent le gospel à Saint-Paul’s Cathedral alors que les catholiques exhibent leurs belles toilettes à la sortie de la cathédrale de l’Immaculée Conception. Le brassage est la règle.
À l’intérieur, les îles offrent une belle luxuriance. Certes, il faut visiter à Praslin la forêt de la Vallée de Mai, avec ses célèbres cocos-fesses, classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Rencontrer Mme Georges en son Jardin du Roi, à Mahé, 25 hectares d’arbres, de plantes et d’épices tropicaux patiemment cultivés depuis 1856, autour d’un enclos à tortues géantes. Nous conseillons aussi de grimper dans les hauts de Port Glaud, à Mahé, pour voir les cases colorées au pied de falaises granitiques ; de s’arrêter à Mission Lodge pour embraser l’amphithéâtre végétal et ses gracieux albizzias ; de prendre le bus local à Praslin pour dévaler la route en corniche entre Baie Sainte-Anne et Grand’ Anse ; de déguster un rhum à la distillerie des Trois Frères… Sans oublier de lever la tête pour observer un héron ou une immense chauve-souris.
Et puisqu’aux Seychelles, l’océan finit toujours par s’imposer, poussez donc à La Digue jusqu’à Anse Banane, sur la côte est. Face aux vagues et à l’île Félicité, la halte à la paillote Chez Jules et ses jus de fruits frais s’impose. Une façon d’aborder un archipel qui a autre chose à offrir que ses plages.
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