Nom : république du Belarus. Population : 9,5 millions d’habitants. Indépendance : 1990. Capitale : Minsk. Surnom : le « Pays aux yeux bleus », référence aux 10 000 lacs qui parsèment ce territoire plus plat que la Belgique. À trois heures de vol de Paris, cette nation fermée et considérée par l’Union européenne comme l’une des dernières autocraties du Vieux Continent (presse muselée, pouvoir présidentiel sans limite…) a décidé de supprimer les visas pour les ressortissants de 80 pays, à condition que le voyage n’excède pas 5 jours sur place. Le Belarus veut favoriser les séjours d’affaires. Cette ouverture doit aussi profiter au tourisme de loisir et faire connaître ce pays qui fut tour à tour lituanien, lituano-polonais et russe, marqué par les guerres et le stalinisme et empreint d’une forme de ruralité disparue chez nous depuis cinquante ans.
Minsk monumentale
Un séjour commence forcément par Minsk, porte d’entrée aérienne du pays. Au centre géographique, la capitale étonne par son monumentalisme, un aspect assaini et une relative candeur. Pas de fureur urbaine ici comme à Moscou. Le centre-ville fait assaut de magnificence et invite presque à la méditation artistique. Après les destructions de la guerre, tout ou presque a été reconstruit dans un style qui emprunte à la fois au baroque et à l’architecture dite « empire stalinien ». Résultat : des églises à dômes et des immeubles fastueux, des bâtiments culturels grandiloquents (le cirque d’État, le Théâtre national de l’opéra et du ballet…) et des édifices administratifs taille XXL… Se balader le long de l’immense avenue Nezavisimosti – les Champs-Élysées locaux – est le meilleur moyen de prendre le pouls de ce décorum. Au-delà, la ville est traversée par le fleuve Svisloč, qui confère à ses berges et au quartier riverain de Trojka une atmosphère agréable.
S’il n’y a pas de véritable night life à Minsk, le visiteur nostalgique pourra se consoler avec les signes tangibles d’un soviétisme assumé. Loin de couper les ponts avec la Russie, le régime biélorusse entretient les symboles ardents du collectivisme. Les anciennes fresques à la gloire de l’Union soviétique et les oriflammes rouges sur les places et devant les bâtiments officiels, comme les statues de Lénine, ramènent le spectateur près de quarante ans en arrière. Unique en Europe.
Villages semi-lacustres
De Minsk à… Pinsk, il n’y a qu’une lettre d’écart mais un monde de différence. Quatre heures et demie de bus sur des routes impeccables en direction du sud-ouest, vers la Polésie, et c’est toute la géographie locale qui explose : des forêts de bouleaux et de conifères (elles couvrent un tiers du pays), des prairies aussi vertes que le ciel est bleu en été, des cours d’eau lents et serpentins, le tout entrecoupé de villages étirés où la datcha colorée et son potager fermé de haies en bois semblent être le leitmotiv résidentiel de chaque famille biélorusse.
Pinsk s’étale doucement le long de la rivière Pina. Une belle église-monastère baroque, des immeubles cossus XVIIIe-XIXe, une promenade tranquille le long de la rivière… l’ancienne place forte du Grand-Duché de Lituanie (du XIIIe au XVIe siècles), jadis multiconfessionnelle et peuplée de Juifs, a conservé de beaux restes.
Mais le vrai coup de cœur se situe dans les marais, à quelques kilomètres. Au confluent du Pripjat’, de la Pina et du Yaselda, des villages semi-lacustres semblent figés dans le XIXe. À Kudrici, des tas de foins séchés, des datchas aux toits surmontés de nids de cigognes, des barques amarrées sur des bras d’eau, des charrettes sommaires ou une luge posée sur hangar bancal signent une campagne archaïque, dont les derniers symboles ne tarderont pas à disparaître.
Mir, patrimoine Unesco
Symbole, aussi, la forteresse de Mir. Cet imposant château, parmi les plus visités du pays, témoigne du faste déployé par quelques familles de notables lors de la domination lituanienne. Ici, la fratrie Radziwill a enjolivé en trois siècles une demeure carrée à cinq tours devenue un exemple typique de l’architecture biélorusse. Le site est classé au patrimoine mondial de l’Unesco.
Les fans d’histoire apprécieront également un passé militaire fécond. Ce pays plat, proie facile pour tous les empires, perdit 2,3 millions d’âmes lors de la guerre de 1939-1945. Mais un site, en particulier, intéressera les Français : à 75 km au nord-est de Minsk, le village de Stoudenka fut le théâtre de la bataille de la Bérézina, en 1812, sur la rivière éponyme. Dans leur retraite de Russie, les armées napoléoniennes perdirent ici des dizaines de milliers d’hommes. Le voyage dans ce pays « inconnu » permettra, a minima, de situer cette bataille sur la carte d’Europe !
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