Le vol HM 17 d’Air Seychelles nage dans le bonheur. Il voltige même au-dessus des cumulonimbus de l’océan Indien avec une légèreté contagieuse. Comme les bulles du champagne qui pétille dans la cabine de l’Airbus qui va se poser à Mahé. Couples radieux, regards échangés, ravissement partagé.
Plusieurs couples sont venus ici pour une inoubliable lune de miel dans la tiédeur des nuits tropicales. Avec la promesse des images idylliques déversées par les prospectus : plages blanches infinies cachées par des remparts de palmiers, labyrinthes de rochers titanesques usés par les marées, eaux turquoise où sillonnent les poissons-lunes, les capitaines blancs et les gueules longues.
Les Seychelles tiennent parole. Pas seulement pour convoler en justes noces. Ce paradis s’étend sur un immense territoire maritime et quatre archipels. Au nord, celui de Mahé et des îles sœurs (Praslin, La Digue, Frégate, Silhouette, Cousin, Cousine, Félicité, les Deux Sœurs), au sud, Aldabra, un sanctuaire de vie sauvage à quelques encablures des Comores, et les poussières d’îles des Amirantes et de Farquhar.
À Mahé, la capitale, Victoria conserve une allure de petite sous-préfecture tropicale. Le marché distille dans un brouhaha créole des parfums de fruits mûrs et de fleurs sauvages. La cathédrale accueille la foi inébranlable de milliers de chapeaux de pailles et de robes légères. À Bel Ombre, on continue à chercher le trésor du pirate Maurice Le Vasseur, dit « La Buse », pendu haut et court sous le règne de Louis XV.
L’Anse Volbert est face à l’îlot Saint-Pierre, un écroulement de rochers roses ponctués de cocotiers penchés et de franges de sable blanc. Minuscule comme une île au trésor. Praslin est en face : petits hameaux et plages sauvages. L’île doit sa notoriété aux « cocos d’mer » (qu’on appelle depuis toujours « cocos fesses » à cause de cette ressemblance troublante), réjouissantes fantaisies de la nature soigneusement gardées dans la Vallée de Mai. Autrefois, on attribuait à sa chair des propriétés contre les poisons, l’épilepsie et les maladies nerveuses. En tisane, elle a, dit-on, des vertus aphrodisiaques.
À La Digue, on se promène en char à bœufs. Le bourg a conservé de charmantes cases bariolées et des allées de palmiers sans fin. Dans une jolie maison coloniale de l’Anse Union, on a tourné « Emmanuelle », film coquin et exotique. La maison appartient aujourd’hui au président de la République.
À Curieuse, des tortues centenaires coulent des jours heureux cachées dans un fouillis végétal et des blocs de granite. Elles ont bien failli disparaître : leur chair était succulente et les colons en firent des festins sans retenue.
Ces îles qui ont été découvertes par l’inévitable Vasco de Gama étaient déjà connues des Arabes et de l’explorateur Ibn Battuta. Se succéderont des pirates de sac et de corde, des navires envoyés par Mahé de la Bourdonnais, les Anglais, l’indépendance et le coup d’État socialo-marxiste du président René
Une mosaïque heureuse
De cette histoire pittoresque est né un peuple aimable : des blancs (Bretons ou Normands), d’anciens esclaves africains, des Chinois, des Malabars et des Tamouls venus des Indes. Cette mosaïque heureuse se décline encore en définitions savoureuses. Ainsi le « grand blanc » mène grand train et possède belle habitation, tandis que le « blanc coco » a tout perdu et que le « blanc rouillé » laisse tranquillement aller ses affaires à la catastrophe. Quoi qu’il en soit, ce métissage indolent offre les plus belles filles du monde. On dit qu’elles sont « juste assez françaises pour avoir une jolie silhouette ; assez anglaises pour avoir de bonnes manières ; assez asiatiques pour dégager un soupçon d’exotisme ; assez africaines pour avoir une nature sauvage ».
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