Tourisme - New Providence, Paradise Island, les Exumas

Bahamas, l’archipel à fleur d’eau

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Publié le 31/01/2019
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Une ribambelle de 700 îles accrochées au tropique du Cancer, entre la Floride, Cuba et Haïti. Le charme de la Nouvelle Angleterre émigrée aux Caraïbes. Du vert et du bleu qui claquent comme nulle par ailleurs. Un petit archipel piquant et sucré.
Bahamas-Musée des pirates

Bahamas-Musée des pirates
Crédit photo : PHOTOS BRUNO BARBIER

Bahamas-Great Exuma

Bahamas-Great Exuma
Crédit photo : PHOTOS BRUNO BARBIER

BAHAMAS-SNORKLING

BAHAMAS-SNORKLING
Crédit photo : PHOTOS BRUNO BARBIER

BAHAMAS-RELÈVE DE la garde

BAHAMAS-RELÈVE DE la garde
Crédit photo : PHOTOS BRUNO BARBIER

BAHAMAS-SAndals Emerad Bay

BAHAMAS-SAndals Emerad Bay
Crédit photo : PHOTOS BRUNO BARBIER

L’Airbus d’Air Caraïbes a viré sur la droite, entrepris un large cercle comme font les pilotes de brousse pour chasser le bétail, puis est revenu sur la mer et s’est aligné sur la piste de San Salvador. Pour se poser sur la longue langue de béton que les Américains ont construit sur les marais et la mangrove pendant la deuxième guerre mondiale. Grand soleil, un air tiède adouci par une brise légère. Christophe Colomb débarqua ici dans la nuit du 11 au 12 octobre 1492 et baptisa l’île San Salvador (Saint Sauveur) pour remercier Dieu. Il venait d’atteindre la première terre des Amériques.

Nassau est à une heure de vol. La capitale des Bahamas occupe presqu’entièrement l’île de New Providence. C’est un joli fouillis de maisons en bois badigeonnées avec les couleurs criardes qu’on a l’habitude de voir dans les brumes anglaises et de bâtiments classiques qui inspirent le respect. Parfois, au milieu du patchwork des toits en tôles ondulées émerge le clocher pointu d’une église. Des cascades de bougainvillées envahissent les varangues ciselées. Sur le port, des bateaux de croisière démesurés vont et viennent.

Sur une colline, le palais du gouverneur, grande bâtisse rose bonbon avec des colonnades blanches et des fenêtres à petits carreaux. Buckingham Palace en moins frisquet et en couleurs. Dans l’escalier qui mène au palais, une statue de Christophe Colomb a été dressée en 1830 pour célébrer la découverte de l'archipel. Le gouverneur actuel est une femme, Dame Marguerite Pindling, nommée par la reine Elisabeth, demeurée chef de l’État après l’indépendance du pays en 1973. Un vendredi sur deux, on relève la garde devant le palais. Parade empruntée au cérémonial britannique. Plus exotique et moins rigide.

Dans les rues de Nassau, il n’est pas rare de voir une banque. On dit qu’elles sont plus de 400. Il est vrai qu’ici les fortunes passent et reviennent, les pactoles naissent et s’évaporent. Les cabinets d’avocats aux plaques de cuivre bien lustrées sont là pour donner à ces errances obscures les formes juridiques de la bienséance.

Heureusement, pour faire oublier cette vilaine réputation, la capitale des Bahamas multiplie les musées pour raconter son histoire. Le musée de l’Esclavage et de l’Émancipation est situé dans une grande maison bariolée, la bien-nommée Vendue House. Elle abritait une salle des ventes où se déroulaient les enchères des esclaves au XVIIe siècle. Ailleurs, les pirates de Nassau sont à l’honneur, dans un grand bâtiment qui propose une réplique grandeur nature de la frégate Revenge et une succession de scènes de piraterie. Une belle galerie de criminels et de voleurs fixée grandeur nature dans la cire. Au XVIIe, ces îles avaient été offertes par le roi d’Angleterre à des pairs du royaume qui n’y mirent jamais les pieds. Il n’en fallut pas tant pour que Nassau devienne la capitale des grands pilleurs de galions espagnols. Barbe Noire qui n’était pas un saint – Nobody is perfect – se proclama même Magistrat de la République des Corsaires.

Un drôle de paradis

Changement de décor à Paradise Island, qu’on découvre en traversant un pont. Ce Manhattan tropical créé par un Sud-Africain fonctionne comme un état dans l’État. Ici, on a bétonné des barres de ciment hôtelier, des casinos géants, des marinas en enfilade, le plus grand aquarium au monde à ciel ouvert, des complexes sportifs, des sealands où s’exhibent des dauphins et même un plagiat des jardins de Versailles. Les esprits chagrins disent : « Paradise c’est l’enfer ». Mais, c’est joli : des hectares de gazon coiffés chaque matin, des millions de fleurs taillées, des régiments de palmiers en ordre bataille.

Virée aux Exuma. Un trait d’îles et d'ilôts (cays) dans l’océan. Ici les vagues et le vent sculptent de fugitifs bancs de sable entre les îlots. Le parc marin dévoile des eaux réputées parmi les plus claires du monde. Le spectacle sous-marin est immense. Les éblouissants jardins de coraux donnent la mesure. Là, dans un désordre de gorgones, d'anémones, d'éponges et de coquillages, frissonnent dans le courant les padina jamaicensis, s'épanouissent les corolles vertes des penicillus pyriformis et s'étirent les étoiles de mer. Somptueux ballet d'écailles aux teintes invraisemblables et de nuages de poissons argentés.

Bruno Barbier
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Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3491