« On est un truc de pauvres, pour les pauvres. » Yves Gignoux ne s'embarrasse pas de mots. Membre du Conseil de sages de sa commune de Gournay-en-Bray (Seine maritime), ce pharmacien assistant retraité a appris un jour qu'une personne ne pouvait pas venir à une réunion, faute de moyen de transport. Elle avait dû vendre sa voiture, trop coûteuse. L'association Auto-Sages a donc été créée, voici un an, avec un slogan : « Ça roule pour tous ».
Une première voiture est achetée par un emprunt, pour 1 000 euros ; une deuxième suit, une troisième est attendue. « Les voitures roulent tous les jours, parce que nous avons voulu apporter une réponse aux personnes qui en étaient privées. Rouen, Beauvais, Gisors, là où vont les habitants de Gournay voir un spécialiste, sont à 30 à 50 km ; un taxi coûte 120 euros, et il y a de moins en moins d'accords pour un transport sanitaire. Nous prêtons à des personnes qui ont un très petit revenu, et nous conduisons des personnes privées de permis, par exemple pour des problèmes ophtalmiques. Les transporter permet de discuter, parfois on les emmène à leur club, et on crée un lien ! »
La demande venant, l'association a aussi proposé des chauffeurs, souvent Yves Gignoux lui-même, mais aussi un autre retraité, et un jeune actuellement sans travail. Les raisons de déplacement ont été élargies : une des voitures a été prêtée, pendant un mois, pour permettre à une personne de se rendre à son travail. Une autre devait se faire prêter une voiture pendant six jours, le temps que la sienne soit réparée.
Auto-Sages se défend de toute concurrence : « Les loueurs de voitures, on s'en fout, il n'y en a pas à Gournay, s'exclame Yves Gignoux. Mais on est vigilant pour ne pas concurrencer les taxis, ou les ambulances. On veut aider, pas faire du commerce. »
Un prêt fait l'objet d'un contrat de mise à disposition, et de quelques interdits : pas d'animaux sur les sièges, pas d'enfant sans siège réglementaire, pas de prêt pour aller en boîte de nuit, ni pour un chauffeur sous alcool, drogue, ou médicament entraînant une somnolence. Le prêt appelle aussi une contrepartie : 1 euro par jour de frais de dossier (5 euros, avec un chauffeur), plus 7 centimes par kilomètre parcouru. Cette personne qui a parcouru 52 km dans la même journée est ainsi redevable de 4,60 euros.
L'association a prévu d'offrir les flancs de ses voitures à des annonceurs pour financer une partie des frais : « On ne veut pas de charité, on rend un service en faisant rouler nos voitures, et leurs annonces. »
Appel aux confrères
La pharmacie de la Ferrière, où a travaillé Yves Gignoux, est le centre de gravité de l'association, « son bureau, ouvert 12 heures par jour ». Une préparatrice est secrétaire de l'association, à laquelle ont adhéré tous les salariés. C'est là qu'on se renseigne, qu'on réserve une voiture, un transport.
Yves Gignoux veut plus, multiplier les voitures, susciter des initiatives équivalentes dans d'autres villes, dont les besoins sont les mêmes. Se faire connaître, faire connaître les besoins, par exemple de dons de voiture.
« Nous avons fait une demande de reconnaissance d'utilité publique, pour que les dons bénéficient du crédit d'impôt. Nous travaillons à créer un site Internet, une page Facebook, pour nous faire connaître et faire connaître ceux qui nous aident. Il faut anticiper la croissance. Jusqu'alors, nous avons rencontré zéro critique. On peut faire beaucoup avec rien : si des pharmaciens sont intéressés, qu'ils me contactent (yves@gignoux.fr), s'ils ont des voitures à donner, un coup de main à offrir, qu'ils le fassent ! »
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