Il a la tête de l'emploi : on imagine très bien Pierre Montigny, costumé en hidalgo, chanter Carmen sur la scène d'un opéra, ou dans une autre tenue, La Traviata ou Les Pêcheurs de perles. Le pharmacien de Calais (Pas-de-Calais) est en effet chanteur baryton à l'association Bravissimo. Lui qui aurait « aimé être un artiste » joue aussi de la guitare, et surtout du saxhorn baryton dans un brass-band.
« Nous sommes un chœur de quarante chanteurs, et chantons en costume sur scène face à l'orchestre dans sa fosse, et au public, en professionnels… mais bénévolement. Nous accompagnons les spectacles montés par Annie Grenier, de ATL production, dans des communes à travers toute la France. Cette productrice monte les spectacles, trouve les chanteurs solistes, et fait appel à nous, ou aux chœurs d'une autre association pour le sud de la France. »
Six semaines pour monter un spectacle
« Au départ, précise Pierre Montigny, nous recevons les éléments par courriel, et on travaille chacun de son côté. On apprend la partition, puis le texte, la mise en scène et la musique par cœur. Nous nous retrouvons par groupes élargis le samedi, et répétons pendant environ six semaines. Les solistes arrivent la dernière semaine avant la générale, et on répète avec les musiciens, le chef, les solistes. Le spectacle a souvent lieu le dimanche, parfois loin, nous voyageons en bus. »
« J'ai toujours chanté, toujours aimé le chant, au collège, au lycée. J'avais arrêté un temps, et j'ai repris sérieusement depuis quatre ans. J'aurais voulu être artiste, mais c'est un métier ingrat, assure le confrère. Mes frères faisaient de la musique, quand nous habitions Saint-Pol-sur-Ternoise, dans le Pas-de-Calais, et j'ai commencé en jouant sur leur saxo. Je suis vite passé sur cuivre, sur le saxhorn (le saxophone appartient à la famille des bois, NDLR), pour l'harmonie de son timbre, son son rond. »
Avec l'association Bravissimo, Pierre Montigny participe à trois ou quatre spectacles par saison, toujours différents, qui l'emmènent jusqu'à Lyon (Rhône), ou Thionville (Moselle). Ce sont des spectacles présentés une fois par ville, parfois deux, et les choristes sur scène entourent les plus grandes voix lyriques du moment, sous la baguette des meilleurs chefs. « C'est un peu stressant, mais très grisant en même temps », dit-il. Il préfère l'opéra, le public l'opérette ! « L'art lyrique est difficile, car les gens y sont très peu formés. »
L'autre formation à laquelle il participe, le Brass-band des Hauts de Flandres (à ne pas confondre avec le nouveau nom que s'est donné la région Nord Picardie) existe depuis quinze ans et regroupe trente musiciens, des amateurs ou des professionnels, tous des cuivres. Cette musique populaire est née en Angleterre au milieu du XIXe siècle lorsque les gens se retrouvaient le soir pour jouer de la musique.
Un fief musical
Pierre Montigny décrit la formation où les cornets se font face, offrant au public un son plus doux, moins « frontal ». Lui-même joue « dès qu'il peut », un joueur professionnel s'exerce tous les jours. La musique de Brass-band a amené des compositions, des arrangements, et bientôt des rencontres, des championnats. Le groupe des Hauts de Flandres se présente surtout dans le Nord, mais va aussi en Franche-Comté, en Italie.
« Le Nord Pas de Calais reste un fief musical, affirme le pharmacien-musicien, la musique y est une grande tradition. » Sa formation se donne en spectacle quatre à cinq fois par an. « Avec les spectacles lyriques, il faudrait parfois se couper en deux, c'est un problème. »
Les deux associations ne sont composées que de bénévoles. « Elles me permettent de voir d'autres personnes, de m'évader de la routine. Nous faisons souvent des dîners ensemble sur le modèle de l'auberge espagnole. » Il y a fort à parier que ces soirées finissent souvent en chansons !
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