Pour Catherine Angibaud, la retraite n’est pas synonyme de repos. Bien au contraire. Cette pharmacienne qui a cédé son officine de Saint-Bonnet sur Gironde, le 30 décembre dernier, entend s’investir dans de nouvelles activités solidaires. Un goût des autres qui a aussi déterminé sa carrière.
Née en Algérie, de parents enseignants, sa famille rejoint le Maroc en 1962. À l’heure du bac, elle hésite. « Plusieurs métiers m’attiraient : architecte, dentiste, les soins aux enfants handicapés… Notre médecin de famille m’a dit : Pourquoi pas Pharmacie ? C’est bien pour une femme. Cette suggestion sexiste a fait son chemin. » Mais c’est la dimension service du métier qu’elle retient. Après des études à Bordeaux, elle prend son premier poste d’adjointe à Sarlat, où son mari vient d’ouvrir en cabinet de prothésiste dentaire.
En 1987, elle ouvre sa propre officine : « nous avions peu de moyens, alors j’ai visé les plus petits chiffres d’affaires » explique-t-elle. Elle s’installe dans une minuscule pharmacie de la rue Judaïque, à Bordeaux. Son arrivée coïncide avec la première baisse des marges. Le coup est rude, son mari l’aide financièrement mais, elle décide de vendre. Son prochain projet est clair : trouver une officine en campagne, avec une habitation attenante et une école toute proche. Ce sera Saint-Bonnet sur Gironde (Charente Maritime).
« Le prix était plus élevé que notre budget. Il a fallu beaucoup travailler pour régler nos emprunts. Seize années de galère… Il m’arrivait de me lever à quatre heures du matin, pour livrer à Bordeaux les prothèses fabriquées dans la nuit par mon mari, avant ma journée à la pharmacie. »
Sur scène en Shirley et Dino
Acharnée du travail, Catherine Angibaud élève également trois enfants et s’investit dans la vie de sa commune de 880 habitants. Au fils des ans, elle présidera le club de tennis ; le centre aéré avec lequel elle initie des échanges entre enfants et personnes âgées en EHPAD ; la chorale dans laquelle elle chante avec son époux. Pianiste, elle jouera pendant 25 ans dans Les Ballerits de Saintonge, groupe folklorique, pour lequel elle apprendra également la vielle à roue. Et depuis la dernière élection, elle est entrée au conseil municipal.
Enfin, elle participe depuis 30 ans, au comité des fêtes qui multiplie les activités originales : marches nocturnes ; soirées cabaret où les habitants présentent des numéros de music-hall. Catherine Angibaud et son mari, y rencontrent d’ailleurs un vif succès pour leur imitation du duo Shirley & Dino.
Heureuse dans sa commune, elle le fut aussi dans sa pratique officinale : « En milieu rural, j’ai eu le sentiment d’exercer pleinement mon métier, fait d’écoute et de conseils. » Très favorable aux nouvelles missions « qui font évoluer le métier et brisent la routine », elle a privilégié la convivialité de son officine : « J’ai voulu une pharmacie colorée. Nous portions une blouse courte rouge, sans manche qui permet de garder une certaine coquetterie. »
La preuve : à l’heure de la retraite, elle s’est fixé trois nouveaux objectifs : s’investir dans une association de « câlineurs de bébés » qui travaille en maternité auprès des prématurés ; faire de l’accompagnement de familles ayant un parent en fin de vie. Et pour garder un pied en officine, faire des remplacements dans la région, mais aussi dans de jolies îles lointaines, pour mêler tourisme et métier. L’appel est lancé.
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