« C’est en 5e année, lors du stage en officine, que j’ai réalisé que je n’étais pas un homme de comptoir, même si j’aime le contact. Je préfère le management. J’ai du mal à inciter des pauvres gens à acheter, par contre je sais motiver mon équipe à le faire. » Direct, Jean-François Girard dresse un bilan sans langue de bois de sa carrière.
Fils d’agriculteur de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne), il choisit la faculté de pharmacie de Toulouse « pour les matières enseignées. Cette période étudiante fut la meilleure de ma vie, pas forcément pour les études, avoue-t-il avec un clin d’œil. Je faisais partie de ceux qui s’amusent pendant l’année et s’enferment pour travailler deux mois avant les examens ».
Mariage de raison
Obtenu en 1981, son diplôme scelle son mariage de raison avec la Pharmacie. Et, avec son épouse pharmacienne rencontrée à la fac, il rejoint Pau, comme assistant. Il y retrouve plusieurs amis de promotion avec lesquels il partage la passion des sports de glisse, comme le ski ou le windsurf (planche à voile), découvert lors de son service national à l’hôpital des armées de Lorient. Un coup de foudre : « La sensation de glisse, de liberté, mon amour pour la mer et la contemplation des paysages, tout m’a plu dans ce sport que je pratiquais en toutes saisons, me déplaçant avec une vieille 504 où j’entassais mon matériel », explique-t-il. Chaque week-end, il rejoint les meilleurs spots de windsurf de Méditerranée. Plus tard, il parcourra le monde pour pratiquer ce sport, au Cap Vert, en Sardaigne, à Saint-Domingue, à Cuba, à Madagascar, à Maurice…
En 1988, un commercial lui propose un poste dans une société de service informatique aux officines. Il y reste un an, avant de revenir à l’officine. Mais la sienne, cette fois. Il achète une petite pharmacie du centre-ville de Pau qu’il développe, mais les possibilités d’évolutions sont vite limitées. Aussi part-il en quête d’une officine plus importante sur la Côte basque, mais les opportunités sont rares et… chères.
Expérience Calédonienne
Un transactionnaire lui propose une officine aux Antilles. L’affaire échoue, mais il cède quand même son officine paloise. Il rencontre alors un pharmacien de Nouvelle-Calédonie qui cherche quelqu’un pour le remplacer six mois par an. Jean-François Girard accepte. Il fera 4 séjours sur « Le Caillou » dans une officine de La Foa, à 100 km de Nouméa.
De retour dans l’hexagone, en 1996, il reprend ses recherches d’une officine avec un confrère. On leur signale des opportunités à la Réunion ; ils partent et s’associent pour acheter une pharmacie du quartier populaire des Grands Bois à Saint-Pierre (81 000 habitants). Immédiatement, ils transfèrent l’officine, participent à la création d’un centre médical voisin. Les affaires explosent*. Rentabilité, abattements fiscaux… les conditions sont excellentes : « Comme en Métropole 15 ans plus tôt ! indique Jean-François Girard. Avec une clientèle bienveillante et une bonne entente entre confrères créoles ou z’oreilles**. » Il développe l’aromathérapie, participe à la création d’un groupement (Socopharm) qui passe de 6 à 75 officines.
Sensations fortes et officine à la Réunion
Il se bâtit ainsi une nouvelle vie : « 50 % d’officine et 50 % de windsurf. Sans oublier la fête et les randonnées en montagne ! » Le cocktail du bonheur ? Pour le windsurf certainement ! La Réunion est un spot exceptionnel, mais dangereux : « On part sur du corail, face à de grosses vagues, on n’a que 3 secondes pour poser sa planche, monter dessus et démarrer, explique-t-il. Sinon on se retrouve la voile déchirée, le mât cassé et les pieds truffés de piquants d’oursins. »
Les émotions de la glisse lui apportent l’intensité qu’il ne trouve pas toujours à l’officine. Mais, il y a dix ans, une nouvelle passion frappe à la porte : « J’ai acheté une moto, une Honda 750, modèle mythique de la fin des années 1960 », explique-t-il. Nostalgie, virus du collectionneur et le voilà aujourd’hui avec six motos anciennes (Honda 750 et 450, Norton 750 Commando, Kawasaki 500) rangées dans la maison familiale de Villemur où il revient plusieurs fois par an. Un hobby de retraité ? « Certainement pas ! affirme-t-il. J’ai une petite fille de 6 ans avec ma nouvelle compagne réunionnaise, alors je vais aller vers plus de confort de travail, mais pas la retraite ! »
À 63 ans, il est même prêt pour de nouvelles aventures et vient de se lancer dans le théâtre ! Une autre manière de monter sur des planches…
* L’officine emploie aujourd’hui 9 salariés (2 assistants, 7 préparatrices) et les 2 associés.
** Venus de métropole.
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