C'est en 1986 que Francis Dumont soutient une thèse de doctorat consacrée à la biologie et la répartition des scorpions de France, à la faculté de Paris V (Observatoire/Luxembourg) après en avoir été lauréat en 1984 et 1985. Après une dizaine d'années en tant qu'adjoint, dans le Lot, puis à Limoges, c'est en Corrèze - où il a ses racines - qu'il s'installe avec son épouse (elle aussi pharmacien) à Saint-Privat, chef-lieu d'un canton de 2 500 habitants, dans une région rurale proche du Cantal : la Xaintrie.
Comme la plupart de ses confrères il déplore la disparition progressive des médecins généralistes, alors que l'exercice en milieu rural est passionnant, tant sur le plan médical que pharmaceutique, et demande des compétences particulières (matériel médical, mycologie, maintien à domicile…) Mais, au-delà de ce parcours somme toute ordinaire, ce qui le distingue du monde officinal est une passion hors normes pour l'entomologie, et plus particulièrement pour le monde des papillons.
« En fait, depuis mon enfance, je suis attiré par la nature, la pêche, la mycologie, résume-t-il, et surtout, à dater de mes 10 ans, les papillons. Bercé par la lecture des Souvenirs de l’univers des insectes, de J.H.Fabre, j'ai été admis à la Société entomologique de France à l'âge de 14 ans. »
Cet engouement et ses connaissances acquises durant quarante ans lui ont permis de constituer une importante collection qui a désormais un caractère de référence en la matière. En effet, nombre d'espèces jadis courantes dans toute la France sont devenues très rares, ne survivant aujourd'hui que dans les montagnes, préservées de l'agriculture intensive et des pollutions diverses.
Papillons du monde
« Bien que la photographie des papillons soit très utile, seule la collecte de spécimens permet de les identifier avec certitude et d'établir ensuite des cartes de répartition évolutives, dévoile Francis Dumont. C'est ainsi qu'a été réalisé le Guide écologique des papillons du Limousin, auquel j'ai participé avec mes collègues de la Société entomologique du Limousin. Les collections des amateurs, comme celles des musées, sont des témoignages irremplaçables car les papillons sont de précieux marqueurs de la biodiversité et l'entomologie est une science pérenne et d'actualité. »
Dans une liste déjà longue de pharmaciens plus ou moins atypiques, l'officinal de Saint-Privat s'était précocement illustré en travaillant sur les scorpions au Muséum national d'Histoire naturelle, auprès du Dr Goyffon, grand spécialiste des venins. Cette orientation scientifique et son désir de découvertes allaient ensuite l’entraîner dans les dernières forêts primaires de la planète pour photographier, capturer et souvent élever des espèces exceptionnelles.
« La chasse aux papillons m'a amené parfois très loin, reconnaît-il, tout en m’offrant des expériences inoubliables, tant sur le plan de la connaissance et de la recherche que sur le plan humain… » Et d'ajouter : « Comment oublier les nuits de traque auprès des Pygmées du nord-Congo ? Ou les trois semaines passées, en 2007, chez les Papous dans les Monts Arfak ? On ne revient pas indemne de tels séjours auprès de peuples qui vivent nus, chassent à l'arc, mais dont le visage rayonne d’une vie qu’ils n’envisagent que jour après jour, sans calculs ni soucis, à mille lieues de notre modernité. Sans compter leur respect pour leurs anciens, et autres valeurs traditionnelles de la famille. Ils nous donnent une leçon, quant à nos civilisations, et j’y pense souvent en exerçant mon métier au quotidien, au service des autres, des plus âgés en particulier. »
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