Quand son cheval de concours M’as-tu-vu l’a débarquée dans la pâture près du club, Aurélia Dubreuil est rentrée à pied chez elle. Le temps de dire à son compagnon, Laurent, d’appeler les pompiers. L’hôpital de Fécamp (Seine maritime) a diagnostiqué sept fractures sur une vertèbre. Opérée un mercredi, la cavalière était à la maison le samedi.
« Le médecin m’a dit que j’avais le droit de remonter, mais pas de tomber de mon cheval ! J’ai dit, tant pis, j’arrête. Je cloisonne très facilement. Avec le destin, il faut saisir les opportunités », philosophe-t-elle, à 50 ans. C’était il y a sept ans, en 2017.
Originaire d’Amiens, elle est aujourd’hui adjointe à la Pharmacie de la Marine, à Fécamp. Elle a découvert le poney à l’âge de 5 ans, a eu son premier cheval à 13, commencé les concours, en saut, à 16. Dans les années 1990, elle participait à des « concours complets », dressage, sauts et obstacles naturels.
Une passion pour l'élevage
Avoir arrêté les concours ne paraît pas l’affecter, elle a « une passion pour l’élevage ». Le centre équestre du Petit Torcy, à Ourville-en-Caux (Seine maritime), a été construit sur un terrain de 6 hectares par sa consœur et son conjoint « comme on voulait ». C’est devenu un élevage, avec soixante-dix chevaux, dont dix « hébergés », trente chevaux leur appartenant en propre, et trente pour l’élevage. Destinés donc à être vendus.
Pour Aurélia Dubreuil, l’élevage et l’équitation sont déjà des histoires anciennes. « Je n’allais pas trop souvent en cours à la fac, sourit-elle, j’ai une bonne mémoire visuelle. Je travaillais la pharmacie tous les matins, et je montais de 14 à 20 heures. » Elle a fait des « classements », chaque fois qu’elle gagnait elle montait de catégories. « Aujourd’hui, il y a cent championnats de France en équitation et beaucoup de catégories. »
Thèse en poche, elle est adjointe pendant seize ans à Yerville, en Seine-Maritime, puis à Fécamp, « beaucoup plus proche du Petit Torcy ! ». Dès 2003, elle avait « levé le pied » des concours, par passion pour l’élevage. Sept naissances sont prévues l’année prochaine et elle laisse une année de repos à ses poulinières.
« J’ai une relation très personnelle avec mes juments. Pas le côté “ viande “ de l’agriculteur. Une jument, on la garde pour une vie. Un bon selle français vit 25 ans, un poney 30 ans, il est plus rustique. Des chevaux ne pourraient plus vivre dans la nature, un poney, oui ».
Un élevage, ajoute-t-elle, est toujours plein de surprises : « On y met beaucoup de cœur… Et d’argent. » Son premier poney à avoir gagné un championnat de France d’élevage, catégorie professionnelle, a été Tabou du Petit Torcy, en 2009. Ses poneys sont partis un peu partout depuis 2010-2015. L’un d’eux est même devenu vice-champion junior de Chine, à Pékin. D’autres sont désormais au Qatar.
Le centre du Petit Torcy est également un centre équestre qui forme des cavaliers. Et Aurélia Dubreuil est aussi heureuse des « belles rencontres » que lui procure le monde du cheval. Quand avec Laurent, ils se sont installés, leur premier accueil n’a pas été trop chaleureux. Mais ils ont construit leur ferme, les hangars, les boxes de leurs mains, et quand est survenu le confinement, en 2020, ils n’ont pas manqué de pâtures pour les chevaux, ni de foin. Ils n’étaient plus des « horsains* ».
* Étranger à la région, en Normand
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