Située au centre de Logelbach, aux portes de Colmar (Haut-Rhin), son officine, ouverte en 2003, voisine avec la copie quasi conforme, mais en grès des Vosges, de la Sainte Chapelle de Paris, construite en 1862 par un industriel ayant fait fortune dans le textile. Curieux de tout, le pharmacien fait partie de l’association qui a permis sa restauration, mais ses vraies passions sont ailleurs, et avant tout dans la recherche pharmaceutique : « Lors de mon stage postdoctoral, mes professeurs m’ont persuadé que l’avenir était dans l’immunothérapie, et poussé à faire un second doctorat en immunologie, alors que je leur expliquais au départ que je n’y comprenais rien », explique-t-il.
S’ensuivirent plus de dix ans dans l’industrie et dans les laboratoires, dont un PostDoc à Washington, au sein du National Institute of Health (NHI) dirigé par le Dr Anthony Fauci, le « président américain bis » dès lors que la santé est concernée. « J’ai notamment la fierté d’avoir codécouvert deux récepteurs et d’avoir vu aboutir plusieurs travaux par les équipes auxquelles j’ai appartenu, mais à l’image des scientifiques américains, je rêvais d’ouvrir ma propre entreprise », poursuit Alain Vallé. En 1995, il décide de rentrer en France et de créer une officine en Alsace, sa région natale. Un projet qui lui prendra 7 ans avant de se concrétiser.
La France frileuse sur la recherche
S’il n’a jamais arrêté de suivre l’actualité de l’immunologie, il constate que la plupart des officinaux sont loin de partager son intérêt, bien que les anticorps monoclonaux soient de plus en plus nombreux dans les rayons et que l’ARN messager laisse présager de nouvelles révolutions thérapeutiques, qui arriveront aussi demain à l’officine. « J’ai proposé plusieurs fois à mes organismes professionnels d’organiser des conférences pour les officinaux sur l’immunothérapie, mais cela se solde par des refus polis », déplore-t-il. De même, il regrette que la France reste trop frileuse face à la valorisation de la recherche, et ignore en particulier les dispositifs de capital-risque, alors qu’elle dispose de chercheurs remarquables, qu’elle laisse trop souvent partir à l’étranger.
« Quand je lis une prescription d’un nouveau médicament avec une terminaison en “mab “, c’est toujours une excitation pour moi et j’étudie l’évolution de la molécule, même si j’ai rarement l’occasion d’en débattre avec les patients », reprend-il. Agrandie il y a une dizaine d’années, son officine se distingue par son agencement clair et lumineux, qu’il a lui-même conçu.
« La pharmacie m’a permis d’avoir plusieurs vies, parfois même au cours d’une même journée », résume-t-il. Mais il sait aussi que quand on est chercheur, on le reste toute sa vie, car les chercheurs sont par nature d’éternels insatisfaits. Le badge de service du NIH d’Alain Vallé, avec photo et matricule, est toujours accroché dans son bureau, bien en vue, parmi d’autres souvenirs américains… comme une envie d’y rempiler pour quelques années de plus ?
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