La liberté, c'est le coiffeur. J'ai été pris en traître par le confinement, alors que j'avais déjà besoin d'une coupe de cheveux. Depuis, ils ont allongé, en forme d'ailes autour des oreilles, recouvrant dangereusement la nuque au point que les voisines me saluent d'un « Bonjour, Madame ! » que je n'apprécie guère. Je leur réponds « Bonjour, Monsieur ! », d'une façon sardonique qui ne les fait pas rire. Je me vois prêt à revêtir un gilet jaune et à crier « Rendez-nous nos coiffeuses ! » dans la rue. Je rêve d'abolir ma tignasse, de demander froidement que l'on me rase la tête, ce qui me permettrait de traverser tout le confinement sans me préoccuper de mes cheveux. La boule à zéro, en quelque sorte. Avec un masque et des cheveux longs, je ne ressemble plus à rien, en tout cas pas à l'homme digne et respectable que je croyais être. Vous allez me reprocher de mettre l'accent sur un sujet secondaire, mais je ne suis pas d'accord : la longueur des cheveux, voilà ce qui compte. Le pire, c'est que ma femme refuse de me donner une coupe, que j'ai osé lui demander malgré les risques. Elle me trouve très bien comme ça.
Humeur
La boule à zéro
Publié le 17/04/2020
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Richard Liscia
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Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3596
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