Il y a très longtemps, pendant ma jeunesse, j'ai eu l'idée de faire un don
à une fondation. Puis, j'en ai fait d'autres. Au bout de quelques mois,
j'ai été littéralement harcelé de sollicitations.
Les chercheurs qui se battent contre les grandes maladies, les organisations de secours, les petites sœurs des pauvres, les protecteurs des malvoyants ou des malentendants, les peintres de la bouche et du pied, l'Ordre de Malte, les amis des toutous et des chatons, des vaches et des brebis, les Instituts et les Fédérations, les as du dévouement, les militants avec le cœur sur la main, les énarques convertis à la bienfaisance, les défenseurs de l'environnement, m'appelaient
au téléphone tous les jours, me proposaient des plans annuels de prélèvement de mes économies, me suggéraient de mourir et de déshériter mes proches et ne manquaient jamais de me rappeler que mes dons diminueraient le montant de mes impôts. Mais là, on en était au point où le fisc devenait moins vorace que cette nouvelle bondieuserie du dépouillement, de l'ascèse et de la privation. Je suis donc devenu sourd et muet, avare et indifférent et je songe même à créer une association contre les donations. Comme pour l'alcool, il faut modérer sa générosité.
Humeur
Générosité sans limites
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Publié le 31/10/2019
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Richard Liscia
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Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3553
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