- Je vous propose qu'on reparle de tout cela. Nous avons encore un peu de temps. La campagne vaccinale commence le 15 octobre. Je dois filer… Juliette, je serai sûrement un peu en retard pour l'ouverture. Je te laisse gérer. Lou, on a reçu le complément de prednisolone 5 mg pour le petit Mathias ? Sa mère passera en tout début d'après-midi.
Karine ne laisse pas le temps de répondre à Juliette et Lou. Elle se saisit de son sac à main et de sa veste et sort rapidement. Les autres vont retirer leur blouse avant de partir déjeuner. Juliette s'approche de Nicole :
- Je crois que je t'ai vexée tout à l'heure, mais vraiment il faut qu'on soit vigilant : Influenzinum n'est pas un vaccin. Par contre, on peut continuer à le conseiller, non pas en remplacement mais en complément du vaccin.
La doyenne de l'équipe fait signe qu'elle n'a pas envie de discuter et se sauve sans mot dire.
- Quelle tête de cochon ! marmonne Juliette.
- Et plus elle vieillit, moins ça s'arrange, ajoute Christèle qui a entendu Juliette. Après le cirque qu'elle m'a fait pour les congés d'été, je ne lui dis que le strict minimum…
- Le plus embêtant, c'est son manque d'amabilité et de compréhension envers les clients. Certains s'en plaignent d'ailleurs, ose Julien.
- Je pense que Karine lui reparlera de la vaccination et de tout ça. Moi, je préfère l'avoir reprise sur son histoire de vaccin homéopathique. On est des professionnels de santé, on peut pas dire n'importe quoi dans une pharmacie. Ça fait bien rire les médecins…
Quand tout le monde est dehors, Juliette referme la porte à clé.
Au restaurant, Isabelle Harel est déjà arrivée quand Karine entre dans la salle. Elle l'attend à une table, près de la fenêtre. La discussion s'anime rapidement autour des travaux qui ont débuté dans la rue.
- Je comprends que ça pose problème pour l'accès à la pharmacie mais tout a été voté en conseil. De toute façon, on ne peut pas faire machine arrière.
- Ça, je le pense bien. Maintenant, ce que nous souhaitons c'est une réponse à notre demande de stationnement rapide devant la pharmacie. Ce serait une juste compensation non ? Le problème c'est que c'est silence total de la mairie.
- Tu sais, Jean-François (le maire) est un peu… déconnecté de la réalité. Il fait de la politique et oublie le terrain. Justement, c'est à propos de cela que je voulais te voir aussi.
Karine pose ses couverts, surprise.
- À propos de quoi ?
- Je ne vais pas y aller par quatre chemins. Est-ce que tu serais d'accord pour rejoindre notre liste aux prochaines élections municipales ? Nous avons besoin de représentants comme toi, proche des gens et de leurs préoccupations. Et puis, nous souhaitons développer un vrai programme de santé.
Karine est troublée par cette demande inattendue.
- Tu as le temps d'y réfléchir. Et pour être tout à fait transparente avec toi, cette liste est menée par Gaëtan Jacques.
- Le directeur du centre Leclerc ? Qu'est-ce qu'un pharmacien ferait dans l'équipe de son pire ennemi ?
(À suivre…)
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