C’EST À SON RETOUR de vacances, début septembre 1928, qu’Alexander Fleming (1881-1955), bactériologiste à l’hôpital St. Mary de Londres, dans le département d’Almroth E. Wright (1861-1947), constata qu’une culture de staphylocoques oubliée à son départ était parsemée de colonies de Penicillium autour desquelles les bactéries ne se développaient pas. Le hasard avait œuvré : un mycologue, Charles J. La Touche (1904-1981), avait manipulé des souches de Penicillium notatum à proximité de la boîte qui avait été déposée sur la paillasse et non dans une étuve - ce qui avait favorisé la croissance fongique -. Fleming imagina d’emblée l’existence d’une « pénicilline » inhibitrice produite par le Penicillium. L’extrait préparé par ses assistants, Frederick Ridley (1903-1977) et Stuart R. Craddock (1903-1972), inhiba la croissance de nombreux germes bactériens. Fleming publia ses observations en juin 1929 sans mener d’étude sur des animaux infectés… Même s’il utilisa cet extrait avec succès pour traiter localement la conjonctivite d’un assistant, Keith B. Rogers (1910-2005), il ne sut exploiter le formidable potentiel de son observation !
L’histoire de la pénicilline (re)commença à Oxford en 1938, lorsqu’un biochimiste allemand ayant fui le nazisme, Ernest Boris Chain (1906-1979), et un pharmacologue australien, Howard W. Florey (1898-1968), ayant lu la publication de Fleming, imaginèrent l’intérêt de cette substance : c’est dans leur laboratoire que l’antibiotique fut isolé par une jeune Américaine, Leslie A. Epstein-Falk (1915-2004) en 1939. L’industrie restait peu intéressée, mais Florey, en manager avisé, obtint des subsides pour avancer les travaux fédérés par leur « Oxford group ». L’innocuité de la poudre brunâtre sur la souris fut établie en 1940 et Chain testa avec succès, en mai, son activité sur des animaux infectés par des streptocoques. Cette découverte passa inaperçue dans une Europe ravagée par la guerre.
Cultivée des fermenteurs à bière.
La pénicilline fut injectée à l’homme pour la première fois le 12 février 1941 par un jeune médecin, Charles M. Fletcher (1911-1995). Constable A. Alexander, un policier de 43 ans s’était piqué à la bouche avec une rose et une streptococcie résistante aux sulfamides (seuls antibiotiques alors disponibles !) avait gagné son visage puis emporté un œil. Il décéda le 15 mars, après une rémission spectaculaire, faute d’antibiotique (son urine était recueillie puis traitée pour y récupérer le médicament !). La guérison d’un garçon de 15 ans suivi de peu.
Cette aventure continua aux États-Unis. Norman Heatley (1911-2004), un bactériologiste de l’Oxford Group, s’installa à Peoria (Illinois) pour y produire l’antibiotique dans des fermenteurs à bière, aidé par un microbiologiste américain, Andrew J. Moyer (1899-1959). La duplicité de ce dernier, qui omit (!) de citer Heatley dans ses publications, n’empêche de souligner que son procédé, qui inspira les grands laboratoires pharmaceutiques de l’époque, permit d’obtenir quelque 2,3 millions de doses de pénicilline avant le D-day, en juin 1944 et de sauver la vie de milliers de soldats.
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