La saga des marques

Médiflor : précurseur par nature

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Publié le 06/12/2018
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Quand elle se lance sur le marché, la gamme Médiflor se doute-t-elle qu'elle fera figure de précurseur quatre décennies plus tard ? Bien avant que les formules d'origine naturelle fassent consensus, la marque devenue laboratoire a fait de la phytothérapie un domaine d'expertise, essentiellement tourné vers la médication familiale.
médiflor

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pack oropolis

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pack solu

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affiche

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pack CPR

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S'il ne devait y avoir qu'un qualificatif pour désigner Médiflor, ce serait précurseur. En avance sur son temps, visionnaire, la marque qui deviendra une entité pharmaceutique à part entière va se distinguer dès sa création.

Son histoire débute au sein du Laboratoire Monot qui, en 1972, vient d'acquérir une entreprise productrice de plantes médicinales, « Les bons producteurs ». En matière de traitements, les années 1970 font la part belle aux formules d'origine chimique dont les molécules de synthèse offrent une réponse ciblée à un large éventail de pathologies. L'efficacité de ces solutions médicamenteuses nourrit la foi dans un domaine qui laisse peu de place aux alternatives thérapeutiques. Pourtant, pour sa première apparition sur le marché officinal, Médiflor va bousculer les codes des références OTC. La marque propose, en effet, de miser sur une pratique quelque peu oubliée, la médecine par les plantes, puisant pour cela dans le réservoir végétal dont le Laboratoire Monot vient de se doter. Son nom, contraction des termes « médicinal » et « flore », n'annonce rien d'autre.

Ses premiers pas, Médiflor les fait en pharmacie sous la forme de plantes en vrac avant d'adopter le sachet comme conditionnement. Sous son impulsion, celui-ci, souvent associé à un produit de qualité médiocre, va se transformer en un contenant valorisant. Car les plantes qu'il renferme sont hachées selon une méthode spécifique (coupe infusette ou menu cigarette) qui optimise la surface du végétal en contact avec l'eau de l'infusion. Mieux diffusés, les actifs offrent à chaque sachet tissé (non collé), toutes leurs propriétés. Médiflor présente ses quatorze tisanes, toutes dotées d'une AMM et numérotées, en 1972. Médicament de phytothérapie, chacune d'elles est formulée pour répondre à une problématique OTC - surpoids, rétention d'eau, troubles digestifs, douleur articulaire, constipation, circulation (...) - grâce à des revendications claires, minceur, diurétique, digestion, rhumatismes, laxatif, jambes légères…

Qualité pharmaceutique

Dans un monde qui associe allopathie et efficacité, difficile pour une gamme d'infusions de voir ses capacités reconnues à la hauteur de ce que supposerait son statut d'AMM. Un défi que Médiflor va pourtant relever en appliquant la rigueur pharmaceutique à la phytothérapie traditionnelle, garantissant la qualité des matières premières utilisées et la teneur en principe actif. Aux yeux des pharmaciens, les infusions deviennent une gamme de conseil OTC à part entière. Reste à rappeler au public le lien, largement oublié, entre plantes et efficacité. Pour ce faire, Médiflor habille ses packagings de rouge, code couleur de la performance au début des années 1980.

Parallèlement, elle lance une campagne de presse grand public centrée sur la puissance du règne végétal. Non dénués d'humour, les messages sont véhiculés aux moyens de visuels démontrant, en deux scènes, les performances de la nature : en haut d'une affiche, on peut voir un castor devant son barrage, au bord de l'eau. L'image s'accompagne d'une phrase, « Pour bloquer le courant le castor amasse feuilles, tiges et racines », suivie un peu plus bas de quelques mots : « Avec les feuilles, tiges et racines assemblées par Médiflor, vous ferez exactement le contraire. » Une tasse accompagnée d'un sachet de tisane et d'une boîte Médiflor viennent parfaire le visuel. Dans une autre affiche, on découvre un Indien soufflant dans un long tube : « Ce Yanomani pourrait facilement vous tuer avec une fléchette enduite d'un simple mélange de plantes… Fort Heureusement, une tasse remplie du mélange dosé par Médiflor ne fera que vous aider à dormir. » Ses messages délivrés, son positionnement affirmé, Médiflor peut creuser le sillon de la phytothérapie. Ce qu'elle fait notamment en présentant un gel Arnica et un gel Jambes légères.

Au tournant des années 2000, la marque rejoint le Laboratoire Merck Médication Familiale. Une occasion de revoir sa stratégie et de redéfinir ses objectifs : associée depuis toujours à ses infusions, Médiflor veut développer son offre et y réserver une place confortable à d'autres produits que ceux de l’herboristerie. Très ancrée dans le champ de la médication familiale, désireuse de multiplier les solutions thérapeutiques, elle devient Laboratoire Médiflor. Fort de son nouveau statut, celui-ci multiplie les lancements jusqu'à disposer, dès le début des années 2000, d'un ensemble de références couvrant différents segments de santé : manifestations dépressives légères et transitoires (Mildac), nervosité et troubles du sommeil (Plenesia), constipation (Tonilax), rétention d'eau (Paliuryl), troubles de la circulation (Venostase), problèmes articulaires (Litozine)… Toutes solutions formulées à base d'extraits végétaux. En 2004, le Laboratoire Médiflor présente une pastille pour la gorge à base de propolis. Sous le nom d'Oropolis, ce complément alimentaire sera suivi d'autres lancements de même statut voués à l'élimination des toxines du corps, aux gênes urinaires masculines (Acyprost) et féminines (Acygil)…

Esprit d'innovation

Mais Oropolis ne va pas s'arrêter là, lançant la création de toute une gamme à la propolis. La deuxième décennie 2000 verra donc se succéder un sirop et un spray dédiés aux maux de gorge avant que n'apparaissent des pastilles à la galénique innovante. Indiquées en cas de maux de gorge et de douleur à la déglutition, elles renferment en leur cœur un liquide qui se libère pour napper la gorge de ses principes actifs. Bientôt suivies d'une version associant propolis et gelée royale, elles sont un exemple de l'élan novateur qui jalonne le parcours du laboratoire. N'avait-il pas imaginé, des années plus tôt, présenter ses infusions sous forme de granulés à dissoudre dans l'eau chaude, ajoutant une référence à sa gamme phare sous le nom de Nutrisane ? Ne s'était-il pas distingué, à la même époque, en désignant le lierre grimpant comme composant principal du sirop Prospan contre la toux ? Cette inventivité, cette créativité, vont continuer de s'exprimer par la suite.

En 2015, le Laboratoire Médiflor propose une nouvelle présentation de ses infusions sous forme de capsules. Bien qu'arrêtées depuis, elles relèvent du même esprit créatif. Kaloba, dernier lancement effectué en 2017, en témoigne également. Médicament de phytothérapie voué à traiter les symptômes du rhume, il est formulé à base de Pelargonium sidoides DC, une espèce, proche du géranium endémique, issue de la région du Cap en Afrique du Sud. Kaloba permet à Médiflor d'être présent sur l'ensemble des segments des pathologies hivernales. Un objectif atteint pour le laboratoire qui souhaite désormais utiliser ses connaissances en herboristerie traditionnelle pour développer les extraits de plantes standardisés. Pouvoir proposer aux patients une alternative efficace et sûre pour répondre aux besoins qu'engendrent les maux du quotidien, c'est la mission qu'il s'est fixée. Il l'assure aujourd'hui aux moyens d'un large portefeuille de solutions naturelles : deux tisanes médicinales (n° 1 Minceur, n° 7 Constipation), vingt-neuf infusions en sachets, deux gammes de compléments alimentaires (Oropolis, Acygil/Acyprost), une gamme de médicaments OTC (Prospan, Kaloba, Mildac).

Les plantes et leurs propriétés restent l'univers d'ancrage de Médiflor, un domaine de prédilection que le laboratoire entend cultiver mais aussi protéger. Ainsi s'est-il engagé dans la sauvegarde des abeilles au travers de sa gamme Oropolis. Une autre cause, humanitaire cette fois, a aussi retenu son attention, celle défendue par l'association Ar Mada qui agit en faveur de la population de Madagascar. Deux belles expressions du lien qui unit l'homme, l'animal et le végétal.

Anne-Sophie Pichard

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3479