À LA FIN du XIXe siècle, Paul Dupuy, collectionneur fervent et créateur du musée qui porte son nom, rachète le mobilier d’une pharmacie toulousaine de la rue Cujas. Cette officine, où se sont succédé des générations de pharmaciens depuis le XVIIIe siècle, recelait les trésors de l’apothicairerie des Jésuites de Toulouse qui, chassés en 1763, lui avaient cédé leurs biens.
Deux pièces maîtresses se distinguent parmi cet héritage jésuite visible au Musée Paul-Dupuy : un exceptionnel vase à thériaque et un droguier du XVIIe siècle. Ce dernier, réalisé en 1632, est signé du maître menuisier Loïs Behorri, qui a également travaillé dans différentes églises toulousaines. Ce meuble en noyer, pour ses parties apparentes, et en chêne, est orné de riches sculptures rappelant les retables de l’époque. Son fronton affiche la phrase « Letho etiam miscet dextra venena manus* » accompagnée du monogramme des Jésuites, IHS, ses armoires latérales et chaque tiroir portent également des inscriptions précisant leur contenu : lapides pretiosi, odores aromaticae…
Le grand vase à thériaque en étain est une pièce rare d’orfèvrerie, datant de 1624. Il était destiné à contenir la thériaque, remède panacée attribué à Mithridate, qui contenait de 60 à 150 ingrédients végétaux, minéraux et animaux (vipère, castors…). Finement gravé sur toutes ses faces, il propose des représentations des grands maîtres de la médecine (Esculape, Galien, Hippocrate…) et des scènes figurant la récolte des ingrédients entrant dans la composition de sa préparation. Ce vase et ses illustrations marquent une époque charnière de la médecine au XVIIe siècle : le passage des influences anciennes, magiques, religieuses, voire astrologique, à de nouvelles pratiques plus scientifiques.
Enfin, la « pharmacie des Jésuites » est complétée par plusieurs vitrines d’exposition présentant pots en faïence des XVIIe et XVIIIe siècle issus des ateliers de Montpellier et Toulouse, vases de monstrance du XVIIIe, mortier du XVIIe, pharmacie de voyage du XIXe siècle, ainsi qu’un ensemble d’objets médicaux (clystères…) et de vases plus récents.
Bref, cette apothicairerie vaut le coup d’œil. D’autant qu’elle est l’objet de nombreuses animations (voir encadré) et s’enrichit des travaux de l’association des Amis du Musée Paul-Dupuy au sein de laquelle on trouve des pharmaciens férus d’histoire.
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