LA POMME DE TERRE a certes été sa grande affaire, mais il s’est aussi intéressé aux questions d’hygiène et de santé publique, a rappelé Olivier Lafont, président de la Société d’histoire de la pharmacie. La qualité des eaux, celle de la Seine en particulier, la qualité de l’air, mais aussi la problématique de l’exhumation des corps ou celle de l’utilisation des excréments comme engrais pour l’agriculture, tous ces champs de recherches l’ont occupé, afin d’éviter les catastrophes sanitaires. Les politiques lui ont demandé son avis à coup de rapports et d’articles, au Comité de salubrité publique ou Conseil de santé des Armées. Autant de réponses scientifiques qui placèrent Parmentier parmi les savants incontournables de son temps, dont l’expertise est recherchée. Il sera un des premiers à prendre parti pour la vaccination jennérienne et saura apercevoir l’utilité et la modernité de la congélation des viandes pour leur bonne conservation.
Discret et respecté.
Ces recherches multiples ne peuvent se mener sans le concours et même l’esprit de contradiction d’autres savants de son temps. L’historienne Anne Muratori-Philip a parlé du « personnage ni austère, ni solitaire, mais un homme d’échange » qui évolua au gré des sociétés savantes et des ascensions politiques d’hommes de sciences. Sa nomination à l’Institut ne pouvait l’écarter des célèbres Lavoisier, Jussieu et Rouelle. Les affinités scientifiques et les amitiés ont jalonné sa vie. De son premier cercle d’amis, les pharmaciens militaires, parmi lesquels Louis-Claude Cadet de Gassicourt et Pierre Bayen, ses modèles, il se retrouva à côtoyer les ministres Choiseul et Chaptal. Son action scientifique alla jusqu’à tisser des liens intellectuels à l’étranger, avec Benjamin Franklin et Arthur Young, qu’il invite chez lui ou qu’il rencontre dans le salon du baron d’Espagnac.
Parmentier reste cependant peu friand des mondanités préférant se consacrer à ses recherches avec son ami Cadet de Vaux sur le pain ou avec le pharmacien Nicolas Deyeux sur les espèces de lait et le sucre de betterave et de raisin (Parmentier était pour le raisin, Napoléon, choisira la betterave, au grand dam du savant !). Son domaine de prédilection, la chimie alimentaire, le conduisit à fréquenter naturalistes et botanistes, tels Vilmorin, André Thouin, jardinier en chef du jardin du roi, et Jacques Martin Cels. Une dernière amitié originale, celle du politicien François de Neufchâteau, célébra poétiquement la « parmentière » pour la pomme de terre ! Parmentier fut, malgré sa discrétion et son esprit consensuel, un des plus respectés et des plus influents des savants pharmaciens de son temps, même hors des frontières.
Dans votre bibliothèque
« Deux par deux »
« Notre Santé est en jeu »
Quelles solutions face au déclin du système de santé ?
Dans votre bibliothèque
« Le Bureau des affaires occultes », ou les débuts de la police scientifique
USA : frites, bière, donuts gratuits… contre vaccin