LE KETUM gel ne s’est pas toujours appelé ainsi. Mis au point en Italie au sein du plus performant des laboratoires pharmaceutiques, le groupe Menarini, il porte tout d’abord le nom de Fastum et désigne le premier gel à base de kétoprofène lancé sur le marché des anti-inflammatoires non stéroïdiens par voie topique. L’époque – la fin des années 1980 – il faut le dire, est à l’émulation en matière d’anti-inflammatoires. Ce champ thérapeutique est, depuis de nombreuses années, investi par des médicaments de renom qui, toutefois, ne se présentent que sous un mode d’administration oral. Or les traitements systémiques ne sont pas dénués d’effets secondaires. En outre, beaucoup d’inflammations sont limitées localement et se manifestent de façon superficielle. Des évidences qui s’imposent peu à peu à toutes les grandes spécialités du domaine de la rhumatologie : il faut adapter les molécules développées pour la voie générale à une administration par voie topique.
Quand l’univers des anti-inflammatoires non stéroïdiens voit ses plus grandes molécules déclinées sous forme locale, c’est une petite révolution thérapeutique à laquelle on assiste… Un bouleversement que va nourrir le Ketum gel. Lancé en 1987 sur le versant transalpin, le médicament attend quelques années avant d’être présenté en France. Car, pour investir l’hexagone, il doit disposer de sa propre structure et d’un nom qui sache le spécifier aux yeux du public français. En 1992, le Laboratoire Menarini se dote donc d’une filiale française qui va servir de berceau à sa fameuse formule à base de kétoprofène. Le nom de la molécule – ses deux premières syllabes agrémentées d’une consonance latine, « um », rappelant l’Italie – inspire à la marque son patronyme.
Positionnement de niche.
Le Ketum gel fait son entrée sur le marché français en 1993. C’est une époque où l’offre en matière d’anti-inflammatoires par voie topique, balbutiante cinq ans plus tôt, s’est largement consolidée. Le contexte est concurrentiel, mais Ketum dispose d’un atout de poids, celui que lui confèrent les propriétés de sa molécule. Puissances anti-inflammatoire et antalgique caractérisent en effet le kétoprofène parmi toutes les molécules - acide niflumique, diclofénac, ibuprofène, piroxicam - du champ des AINS topiques non associés. À l’œuvre de longue date par le biais d’une administration systémique, le principe actif va pouvoir faire ses preuves sous forme topique. Comme une évidence, le Ketum gel va s’imposer dès son lancement dans un domaine très particulier et très prolixe en traumatologie, la médecine du sport. Cette discipline va lui fournir un cadre de développement particulièrement bien adapté. Car l’anti-inflammatoire agit vite et montre une puissance remarquable. Sa forme galénique de gel facilite la pénétration du principe actif et permet d’obtenir des concentrations tissulaires importantes au niveau local. Très efficace in situ, la molécule ne s’accumule pas dans l’organisme et lui évite donc tout effet systémique. Ces spécificités peuvent faire la différence en milieu sportif. Les développeurs de la marque le savent. Et ils vont en jouer de façon magistrale. En effet, au lieu de jeter leur formule « dans la mêlée » des spécialités concurrentes, ils lui offrent d’emblée un positionnement de niche en la présentant comme un outil thérapeutique parfaitement adapté au traitement des traumatismes bénins liés à la pratique sportive. Ses premières indications - tendinites des membres supérieurs et inférieurs, entorses, arthrose des petites articulations, contusions - vont bien évidemment dans ce sens. Lors de son lancement, le produit est accompagné d’un ensemble de supports de formation centrés sur les problématiques de santé et de sport : entorse de la cheville, tendinite du membre supérieur, traumatologie de l’épaule sont quelques-uns des thèmes développés dans des brochures conçues par des praticiens du sport. Une démarche éclairée qui touche directement la cible voulue, celle des médecins généralistes à qui elle est destinée. Cette politique de service imaginée par Menarini va porter ses fruits car elle répond à un besoin aigu en matière de connaissances en traumatologie du sport. Les outils mis en œuvre seront très vite plébiscités par des généralistes régulièrement confrontés aux multiples et douloureuses conséquences des pratiques de loisir. Conscient du bien fondé de son initiative, le laboratoire multiplie ses contacts avec les milieux sportifs. Les fédérations de football, de tennis, de judo, de rugby, de basket (…) sont impliquées par l’intermédiaire de leurs équipes médicales. Chaque discipline sportive est l’occasion d’organiser une rencontre autour d’une thématique de traumatologie. De ce contexte, Ketum n’est pas exclu. Bien au contraire.
Association de bienfaiteurs.
L’efficacité de la formule et ses qualités galéniques ont tôt fait d’être mises à l’épreuve, en situation réelle, dans les cabinets médicaux et sur les terrains. Et l’essai est concluant. Outre sa rapidité d’application et d’action, le gel est agréable à utiliser. Il n’est pas gras, ne colle pas, ne tâche pas et permet d’apposer dans l’instant un strapping ou toute bande de maintien sur la peau.
Sans surprise, les médecins lui réservent une place à part dans le champ des topiques anti-inflammatoires. Dix-huit mois après son lancement, Ketum est leader sur son marché. Son démarrage a été fulgurant comme en témoignent les chiffres de vente au cours de ses premières années d’existence. Quand se profile le passage au troisième millénaire, le fameux tube est vendu à plus de un million d’unités par mois et figure parmi les 25 premiers médicaments français. Très reconnaissable avec son habillage noir et jaune, Ketum va bénéficier de partenariats audacieux. Le médicament est en effet le premier à associer son nom à celui de sportifs de haut niveau. Jean-Philippe Gatien (champion du monde de tennis de table en 1993 à Göteborg), Guy Roux (entraîneur de l’AJ Auxerre, en 1994) et Laurent Bourgnon (vainqueur de la route du Rhum en 1994 et 1998) lui prêtent tour à tour leur image. La marque va bien sûr bénéficier des valeurs très porteuses que véhiculent les champions et l’univers sportif en général. Un rayonnement qui va la dépasser pour atteindre ses concepteurs, offrant à Menarini le positionnement envié de laboratoire de la médecine du sport.
Parallèlement, les applications de Ketum s’élargissent pour répondre progressivement aux besoins des patients. Ses indications se développent également pour traiter les lombalgies (dont il est le seul à posséder l’AMM) et les inflammations engendrées par la sclérothérapie. Ses présentations, elles aussi, se multiplient. En 1999, Ketum adopte la forme d’un tube doseur capable de délivrer la posologie précise de 1,2 g de gel (soit 30 mg de kétoprofène) à chaque pression, rompant ainsi avec la traditionnelle délivrance de la formule exprimée en centimètre. L’année suivante, c’est une forme orale - des comprimés pelliculés 100 mg et des gélules à libération prolongée 200 mg LP - qui est lancée. Sous l’ombrelle de la marque, un nouveau venu a, cette année, fait son apparition : l’Ibufetum est un gel dosé à 5 % d’ibuprofène et permet de proposer aux professionnels de santé et aux patients une alternative anti-inflammatoire au kétoprofène, tout en conservant la même galénique.
Après un démarrage fulgurant et toute une carrière passée aux côtés des champions, la marque aux couleurs noire et jaune ne semble pas près d’abandonner son esprit de vainqueur avec, dans ses traces, l’Ibufetum gel, dont les premiers pas sont tout aussi prometteurs que ceux de son aîné.
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