L’ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE du patient (ETP) est un mode relationnel qui s’inscrit dans la durée avec une personne en butte à des difficultés dans la gestion de sa maladie chronique. Ces difficultés sont variables d’un patient à l’autre et dans le temps. En Europe, le soin pharmaceutique est défini comme l’attention continue, systématique et professionnelle pratiquée par le pharmacien pour un patient donné, dans le but de prévenir ou de corriger les problèmes liés aux médicaments.
Ce qui fait la spécificité de la psychiatrie, ce sont les événements fluctuants de la plupart des désordres psychiatriques, la faible observance, l’usage fréquent de larges intervalles de posologies. De plus, les traitements comportent de nombreuses interactions médicamenteuses et d’effets secondaires, et beaucoup de ces effets simulent les symptômes. Les patients ne meurent pas à cause de leurs désordres psychiques, mais ils souffrent bien davantage de la diminution de leur qualité de vie. L’autre difficulté tient au fait que le mode de vie de ces patients est variable (indépendant, en famille, en logements spéciaux, avec aide).
Les maladies sont nombreuses, variées et souvent associées à une ou des maladies somatiques (épilepsie, abus de substances…). « 80 % des patients atteints de troubles modérés ne sont pas vus par les psychiatres, et le rôle de pharmacovigilance du pharmacien est très important, souligne le Pr Alain Golay, de l’Hôpital Universitaire de Genève, président de la Société d’éducation thérapeutique européenne (SETE). Dans l’ETP, le pharmacien a une triple fonction : de soignant-prescripteur pour traiter le symptôme aigu, de préventologue-éducateur de santé, et de dispensateur-pharmagarant pour aider à gérer le traitement. »
Un soin éducatif bien structuré.
Plusieurs études portant sur les interventions éducatives suggèrent un impact positif du pharmacien sur l’observation et la connaissance des traitements, et elles apportent l’évidence que les pharmaciens peuvent contribuer à optimiser l’usage des médicaments des maladies mentales en ambulatoire. « Le soin pharmaceutique aux patients psychiatriques en pharmacie d’officine est sûrement réalisable, mais il y a différents types de soins pour les différentes maladies, et il faut prendre en compte les modifications de personnalité en fonction du temps : ce qui marche un jour, peut ne pas marcher le jour suivant, et il est difficile de construire une relation solide et durable avec les patients atteints de maladies mentales », prévient le Dr Jan Willem Foppe van Mil, pharmacien consultant (Amsterdam).
Les tâches du pharmacien consistent, entre autres, à informer sur le(s) médicament(s), à surveiller les effets thérapeutiques ou indésirables, et à détecter les problèmes liés aux médicaments. « Mais peu de recherches sont consacrées aux erreurs médicamenteuses en santé mentale, en particulier nous en savons très peu sur leur incidence en milieu ambulatoire et les torts causés, souligne le consultant. Les patients les plus à risque en psychiatrie sont ceux qui reçoivent un grand nombre de comprimés ou ceux qui sont fréquemment réadmis à l’hôpital. »
Les soins éducatifs nécessitent, de la part de l’officinal, une bonne connaissance des pathologies et de leurs traitements, une coopération avec le médecin traitant, un contact avec les psychiatres et les services concernés, ainsi que des locaux pour un entretien privé, avec possibilité d’assistance en cas d’agression, et des moyens techniques pour le suivi de l’observance. « Des conceptions erronées sur les patients schizophrènes et d’autres maladies mentales sont fréquentes, et de nouveaux modèles de soins d’éducation thérapeutique pourraient modifier favorablement les attitudes des étudiants en pharmacie », remarque le Dr Foppe van Mil.
Informer et communiquer efficacement.
Le Dr Marie-Lise Biscay, pharmacien PH, présidente du réseau PIC (Pharmacien, Information, Communication), confirme que le contexte psychiatrique est complexe en raison de la polyvalence de la prise en charge (pharmacothérapie, psychothérapie, accompagnement psychosocial). Les pathologies sont difficiles à comprendre, diverses et chroniques, entraînant un parcours de soins long. Les partenaires sont nombreux (psychiatre, infirmière, psychologue, diététicien, pharmacien) avec une coordination insuffisante entre les services.
Les patients présentent une grande variabilité des niveaux socioculturels et psychiques, avec des réponses aux traitements aléatoires. En effet, les psychotropes ont une efficacité partielle, essentiellement symptomatique, et occasionnent des résistances nécessitant des associations pharmacologiques. « Les traitements présentent deux problèmes majeurs : la non-observance est de 50 % en moyenne, elle peut atteindre 80 %, avec des rechutes de 40 % à un an, et l’iatrogénie comporte des troubles métaboliques et sexuels, explique la présidente du réseau PIC. Ces effets secondaires surviennent avant les effets thérapeutiques et créent un découragement dans la prise du traitement. »
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