La scoliose touche 3 à 5 % des moins de 18 ans. Cette déformation complexe de la colonne vertébrale est asymptomatique à l’adolescence et évolue lentement à l’âge adulte. Elle peut provoquer une dégénérescence discale après 40 ans, une évolution arthrosique douloureuse, voire des retentissements cardiaques et respiratoires si la scoliose est très sévère.
Une scoliose en période de croissance nécessite donc une prise en charge spécialisée qui se traduit par le port d’un corset dans 5 à 10 % des cas. Néanmoins, le corset ne guérit pas la scoliose, il se contente de ralentir ou stopper sa progression.
Lorsque la déformation est trop importante et échappe au traitement orthopédique, une intervention chirurgicale est proposée. « La chirurgie de référence dans la scoliose est l’arthrodèse, explique le Pr Vincent Cunin, chirurgien orthopédique à l’hôpital Femme Mère Enfant de Lyon. Elle consiste à redresser la colonne vertébrale en réalisant une fusion vertébrale pour maintenir la correction ».
Des tiges et des vis sont placées dans la partie incurvée de la colonne vertébrale, et des micro-fractures sont réalisées pour obtenir de petits fragments d’os qui vont servir de greffe vertébrale et fusionner dans la bonne position. Cette intervention permet de réduire l’angle de déformation, mais elle bloque définitivement la mobilité de la colonne vertébrale.
Souplesse conservée
Pour éviter cela, le Pr Cunin utilise une nouvelle technique, le Vertebral Body Tethering (VBT) qui se base sur la modulation de croissance. « Nous nous aidons de la croissance pour corriger un défaut d’axe. Le but de cette technique est de bloquer la croissance du côté convexe pour qu’elle se fasse du côté concave », détaille le Pr Cunin.
La chirurgie s’effectue sous thoracoscopie. Deux à trois incisions dans le thorax permettent au chirurgien de placer des implants au niveau des vertèbres en se basant sur des images captées par une caméra. Il place ensuite des vis dans les vertèbres et les relie par un câble en tension, élaborant ainsi une sorte de corset interne. « Nous avons opéré notre premier patient en novembre 2015, note le Pr Cunin. Il avait une scoliose de 55°. Au bout de trois ans, il avait à peine 10° de déformation. L’avantage de cette chirurgie, en plus d’éviter l’ouverture du dos, est que nous respectons l’anatomie et n’abîmons aucune structure. Elle permet de redresser la colonne vertébrale sans priver les enfants de leur souplesse ». La courbure est corrigée d’environ un tiers lors de la chirurgie, puis régresse au fur et à mesure de la croissance grâce à la tension du câble.
Seuls deux chirurgiens pratiquent actuellement cette technique en France, à l’hôpital Femme Mère Enfant des Hospices civils de Lyon et au CHU de Grenoble. « À Lyon, nous avons déjà réalisé plus de 25 interventions, compte le Pr Cunin. Après quatre ans de recul, j’estime que le VBT est une alternative vraiment intéressante à l’arthrodèse et peu invasive. Elle permet de corriger une scoliose en trois à quatre années et de préserver la souplesse du dos des adolescents », conclut-il.
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