LORSQUE, à l’époque de l’Inquisition en Espagne, un petit groupe de juifs s’est converti au catholicisme pour éviter les persécutions, il ignorait être porteur d’une mutation génique protégeant contre les cancers et le diabète. D’autant que les descendants de ces personnes, proches culturellement, ont émigré plus tard vers l’Équateur, où ils sont restés unis. Avec les mariages et les naissances qui s’en sont suivis.
Une centaine (n = 99) de ces descendants ont été suivis pendant vingt-deux ans par un endocrinologue équatorien, J. Gueverra-Aguirre. En effet l’anomalie génétique familiale, une mutation du gène récepteur de l’hormone de croissance (GHR), se traduit par une petite taille associant un déficit en facteur de croissance insulin-like de type 1 (IGF-1), une insuline basse et une sensibilité à l’insuline élevée. Sur la même période, 1 606 parents non touchés par la mutation ont été également surveillés (témoins).
Le suivi prolongé de ce groupuscule, que les auteurs appellent un « réservoir », a permis de constater chez les 99 sujets un seul cas de cancer non fatal et aucun diabète. Parmi les parents-témoins 17 % de cancers ont été enregistrés et 5 % de diabètes.
Longévité majorée.
Ce qui a éveillé l’intérêt des chercheurs, Jaime Gueverra-Aguirre et coll., porte sur la mutation du gène GHR elle-même. Elle est similaire à celle qui confère à des organismes simples, comme la levure ou le ver, une longévité majorée et une résistance aux toxines. D’ailleurs, des équipes s’étaient déjà demandées si l’inhibition de ce récepteur, une fois la taille adulte atteinte, n’aurait pas une action préventive contre les affections liées à l’âge, cancer et diabète compris. Outre le côté anecdotique de cette observation, les auteurs (essentiellement californiens) y voient un intérêt physiopathologique. En effet, une explication au faible taux de cancers est fournie par des études in vitro. Le sérum humain pauvre en GHR réduit les cassures de l’ADN et majore l’apoptose dans des cellules épithéliales mammaires traitées au peroxyde d’hydrogène. Il y réduit l’expression des gènes RAS, PKA (protein kinase A) et TOR (target of rapamycin), mais provoque une surexpression du gène SOD2 (superoxyde dismutase 2). De tels changements provoquent une protection cellulaire et un allongement de la durée de vie sur des organismes modèles. Enfin, les taux d’insuline bas et la sensibilité élevée à cette hormone pourraient suffire à expliquer l’absence de cas de diabètes.
Les auteurs en concluent à l’existence de voies de contrôle du vieillissement et de ses pathologies qui ont persisté au cours de l’évolution de notre espèce.
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