LA FRÉQUENCE DE L’ECZÉMA atopique et des autres maladies allergiques n’a cessé d’augmenter ces dernières décennies, notamment dans les pays riches, mais les causes de cet accroissement n’ont toujours pas été élucidées. Un certain nombre d’études ont suggéré qu’une exposition aux antibiotiques au début de la vie pourrait conférer un risque accru de développer un eczéma, mais les résultats sont discordants.
Des chercheurs britanniques ont maintenant effectué une première méta-analyse des études publiées sur le sujet. Ils ont analysé 20 études explorant la relation entre l’exposition aux antibiotiques en période prénatale et/ou postnatale (durant la première année de vie) et le risque ultérieur d’eczéma (13 études longitudinales, 7 transversales).
Dans les 17 études qui ont examiné l’exposition postnatale aux antibiotiques, l’antibiothérapie est associée à un risque d’eczéma accru de 40 % (odds ratio de 1,41; IC 95 % : 1,19 à 1,64). Il existe en outre une relation dose-réponse, suggérant une augmentation de 7 % du risque d’eczéma pour chaque antibiothérapie supplémentaire reçue dans la première année de vie. Les 4 études qui ont examiné l’exposition prénatale aux antibiotiques montrent une association non significative (odds ratio de 1,30 ; IC95 % : 0,86 à 1,95).
« Nous avons trouvé une association significativement positive entre la prescription postnatale d’antibiotiques et le risque d’eczéma, qui s’avère aussi forte pour les études transversales que pour les études longitudinales. Une tendance similaire est apparente pour l’exposition prénatale aux antibiotiques », notent les chercheurs.
L’hypothèse de la flore intestinale.
L’étude ne permet pas de conclure si l’association est vraiment causale. L’antibiothérapie pourrait être la conséquence d’une plus grande survenue d’infections chez les enfants développant l’eczéma, préviennent les chercheurs. « Il est clair qu’une meilleure compréhension de la relation complexe entre la prise d’antibiotiques et la maladie allergique est une priorité... Puisque l’établissement d’un lien réel entre la prise d’antibiotiques et l’eczéma aurait des implications d’une portée considérable en clinique et en santé publique », note Carsten Flohr (King’s College London), un des signataires de l’étude.
« Une explication pourrait être que les antibiotiques à large spectre altèrent la flore intestinale, ce qui affecterait le système immunitaire en maturation de manière à favoriser le développement de la maladie allergique », propose Teresa Tsakok (Guy’s and St Thomas’ Hospital, Londres).
Nina Goad, porte-parole de la British Association of Dermatologists, précise dans un communiqué que « les chercheurs ne suggèrent nullement que les parents devraient refuser de donner des antibiotiques à leurs enfants lorsque les médecins estiment qu’ils sont nécessaires, mais des études comme celle-ci offrent un aperçu sur des causes possibles pouvant être évitées, et pourraient contribuer ainsi à guider la pratique médicale ».
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