UNE PERSONNE sur 200 est affectée du vitiligo, une maladie de la peau caractérisée par l’apparition de taches blanches et dépigmentées, augmentant en surface et en nombre avec le temps. Les traitements actuels offrent une efficacité limitée. « C’est une maladie auto-immune à laquelle certains individus sont génétiquement prédisposés, et qui est déclenchée par certains facteurs environnementaux », précise au Quotidien le Dr Caroline Le Poole (Université Loyola de Chicago) qui publie avec son équipe une étude préclinique dans la revue « Science Translational Medicine ».
De travaux récents ont permis de découvrir qu’une protéine de choc thermique (heat shock protein) appelée Hsp70i joue un rôle crucial dans la réponse auto-immune provoquant le vitiligo. La protéine Hsp70i est la forme inductible de l’Hsp70, qui est produite uniquement en cas de stress cellulaire.
La protéine modifiée.
Après avoir montré que la protéine Hsp70i déclenche un état inflammatoire des cellules dendritiques et qu’elle est nécessaire pour la dépigmentation dans des modèles murins du vitiligo, Caroline Le Poole et son équipe a créé une version modifiée de la protéine Hsp70i (en changeant un seul des 641 acides aminés constituant la protéine) qui peut stopper et faire régresser la dépigmentation dans des modèles murins du vitiligo.
Ainsi, l’administration d’un vaccin ADN encodant la protéine mutante plusieurs mois avant la dépigmentation spontanée dans un modèle murin transgénique prévient la survenue du vitiligo.
De plus, dans un autre modèle murin de vitiligo avec dépigmentation rapide, la vaccination thérapeutique avec la protéine mutante est capable de restaurer 76 % de la pigmentation du poil.
Les chercheurs ont observé chez des patients affectés du vitiligo un état inflammatoire similaire des cellules dendritiques. En outre, lorsque des échantillons de peau humaine de patients sont traités ex vivo par l’ADN de la protéine modifiée, cet ADN peut transfecter les cellules cutanées et changer le profil immun vers un état anti-inflammatoire similaire aux résultats observés chez la souris. L’administration de la protéine mutante (HSP70i Q435A) ou de son ADN pourrait donc offrir « un puissant traitement » pour le vitiligo, concluent les chercheurs. L’équipe envisage de poursuivre les études précliniques d’innocuité sur des modèles supplémentaires. « Nous espérons amener ceci en clinique dès que nous aurons obtenu l’autorisation de débuter un essai de phase 1 ainsi que le financement », confie le Dr Le Poole.
« Dans nos modèles animaux, la protéine HSP70i mutante s’est avérée être un remarquable interrupteur ("switch-off") qui peut aider à éviter la dépigmentation. J’espère que de tels résultats pourront finalement apporter un soulagement aux patients ».
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Françoise Amouroux
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