LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. – À quel marché appartiennent les produits de phytothérapie destinés aux jambes lourdes ?
LOÏC BUREAU . – À un marché qui mérite d’être clarifié. En effet, on a pris l’habitude de réunir des produits très différents sous le terme de phytothérapie : des médicaments, des phytomédicaments comme les gélules de plantes qui ont une AMM allégée, et les préparations à base de plantes qui répondent au statut de complément alimentaire. Or, le terme de phytothérapie signifie soigner par les plantes et leurs dérivés, ce qui sous-entend que les produits de cette catégorie, en particulier les phytomédicaments, ont un effet pharmacologique et pas seulement physiologique. Ils doivent soigner, alors que, en fait, les compléments alimentaires ne font que soulager. Dans leur cas, on peut parler d’effets physiologiques adjuvants des traitements principaux comme la contention.
Dans quel contexte s’inscrivent les compléments alimentaires pour jambes lourdes ?
Un contexte qui peut paraître confus : la directive européenne sur les médicaments à base de plantes est entrée en vigueur il y a quelques années avec plusieurs conséquences, notamment pour les produits à AMM allégée. Ceux-ci, en effet, ne seront généralement pas reconduits en tant que médicament traditionnel à base de plantes, car les laboratoires préfèrent leur attribuer le statut de complément alimentaire, moins contraignant en termes de mise sur le marché et de communication. De ce fait, de nombreuses références sont en ce moment en train de grossir le marché des compléments alimentaires pour jambes lourdes.
Ces produits « switch » créent-ils une confusion sur le marché ?
Oui, car on s’aperçoit qu’ils n’ont pas forcément l’efficacité qu’on pourrait en attendre, tout du moins au point de vue pharmacologique. Le problème est que les AMM allégées n’ont pas été évaluées sous cet angle, donc la communication sur leur composition relève parfois plus du discours marketing, bien qu’ils aient pu subir les tests scientifiques appropriés. En fait, l’efficacité des produits à base de plantes peut être évaluée selon deux méthodes : la méthode par extrapolation à partir de la monographie tisane de la pharmacopée prise comme référence (celle-ci permet de calculer la quantité de substance active équivalente à consommer par jour) et la méthode qui consiste à étudier par synthèse et convergence les données pharmacocliniques publiées sur les effets des plantes (système Science based evidence). Les deux approches se rejoignent pour préciser la dose et la fréquence de prise nécessaires à l’efficacité d’une substance. Appliquées aux compléments alimentaires et aux phytomédicaments du marché des jambes lourdes, ces méthodes révèlent que les concentrations d’actifs annoncées pour ces produits offrent la plupart du temps des doses physiologiques et non pharmacologiques.
À quoi doit-on veiller en ce qui concerne les plantes phare de ce marché ?
La poudre de vigne rouge ne présente pas la quantité d’anthocyanes et de polyphénols suffisante pour prétendre soigner. Sous forme d’extrait, la plante est plus efficace, mais il faut augmenter les doses à prendre. Le marronnier d’Inde peut être exploité pour deux propriétés distinctes : l’écorce a un effet veinotonique, alors que le fruit agit comme un anti-inflammatoire. Mais il fait partie, avec le fragon (petit houx) des produits dont la vente en France n’est autorisée que parce qu’ils sont commercialisés dans l’Union européenne.
Bien d’autres plantes présentent un intérêt pour la circulation sanguine : l’hamamélis, le cyprès et les fruits rouges qui contiennent des polyphénols, tout comme les citroflavonoïdes et les extraits de marc et de pépins de raisin.
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