Après injection de cellules gliales humaines

L’intelligence humaine greffée à des souris

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Publié le 15/12/2014
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L’EXPÉRIENCE paraît tout droit sortie des méninges d’un professeur Nimbus… Insérer quelques cellules de cerveau humain dans celui d’innocentes souris pour voir comment cette « part d’humanité » modifie leur comportement, tel était le protocole choisi par des chercheurs du Centre médical de l’université de Rochester. Drôle d’idée, me direz-vous. L’objectif de ce curieux protocole est pourtant des plus nobles, puisqu’il s’agit au bout du compte de mettre la science sur la piste de nouvelles thérapeutiques dédiées à certaines maladies cérébrales. En pratique, les chercheurs ont d’abord isolé des cellules gliales immatures provenant de fœtus humains légués à la science. Les neurobiologistes ont ensuite injecté ces cellules gliales dans le cerveau de bébés souris (qui n’avaient rien demandé). Les glies se sont différenciées en astrocytes, cellules connues pour entourer les neurones voisins de leurs boucles et les soutenir. En un an, les astrocytes avaient tellement proliféré qu’ils avaient supplanté les cellules nerveuses murines. Résultat ? Les souris ne sont pas devenues plus humaines, mais sensiblement plus intelligentes. Certes, elles ne se sont pas soudain attaquées à quelque grande énigme mathématique, ni se sont plongées dans la lecture de l’intégrale de Kant… Mais elles ont surpassé leurs congénères dans tous les tests qu’on leur a fait passer. Elles apprennent plus vite des associations entre stimulations douloureuses et environnement et trouvent par exemple plus rapidement la sortie d’un labyrinthe. Bref, elles sont devenues plus malignes. Serez-vous d’accord avec moi ? Que ces chimères servent à terme la recherche pharmacologique, soit ; mais que les rats de laboratoire portent un jour blouse blanche, bof…

DIDIER DOUKHAN

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3140