Concernant une minorité de patients, les effets indésirables observés à la suite du changement de formule du Lévothyrox semblent être uniquement liés à des déséquilibres thérapeutiques, y compris lorsque les valeurs de TSH restent dans les normes biologiques. Pouvant potentiellement être corrigés tout en conservant la nouvelle formule (1), ils trouvent leurs principales explications dans trois domaines (2).
Le premier réside dans la pharmacologie et l’existence d’un paradoxe : si des désagréments sont apparus, c’est parce que la nouvelle formule permet, comparativement à toutes les autres, de mieux stabiliser le principe actif dans le temps.
D’autre part, l'interprétation des études de bioéquivalence, uniquement basée sur des données moyennes obtenues à l’échelle d’une population, ne prend en compte ni le risque d’erreur inhérent aux paramètres statistiques utilisés, ni la variabilité interindividuelle des variations intra-individuelles observées pour chaque individu entre les deux formules du médicament. Or, ces deux facteurs justifient le fait que certains patients assimilent moins bien la lévothyroxine avec la nouvelle formule et d’autres, au contraire, mieux.
Ainsi, du fait de cette « sur-stabilité » et des possibles différences d’absorption, le passage de l’ancienne à la nouvelle formule a pu générer des perturbations de l’équilibre thérapeutique (sous-dosages ou surdosages) chez des patients particulièrement sensibles à de faibles fluctuations de leur concentration plasmatique en lévothyroxine, d’autant plus qu’il s’agit d’une substance à marge thérapeutique étroite.
Le deuxième domaine concerne la biologie et les normes de TSH. Chaque personne possède en effet son propre point d’équilibre autour duquel son état est stable ou ne varie que très peu. Par conséquent, un individu présente des symptômes cliniques évocateurs d’une dysthyroïdie dès que sa TSH se situe en dehors de sa « plage d’équilibre » personnelle. Ceci peut donc expliquer pourquoi certains patients déclarent des effets indésirables en dépit du fait que leur TSH se trouve dans les normes biologiques de référence.
De plus, la valeur de TSH indiquée dans les résultats d’analyses biologiques, du fait de son acquisition sur un échantillon sanguin et compte tenu du niveau de précision spécifique à l’appareil de mesure utilisé, peut différer légèrement de celle qui aurait été obtenue à la suite d’un dosage réalisé sur la totalité du compartiment sanguin du patient. Correspondant donc à une estimation, cette valeur brute devrait être accompagnée de son intervalle de précision afin d’améliorer son interprétation. Aussi, le fonctionnement thyroïdien peut être mésestimé par la prise de certains médicaments susceptibles de masquer ou d’accentuer un déséquilibre biologique en influant sur la sécrétion de TSH.
Enfin, le troisième domaine correspond à celui de la psychologie à travers la genèse d’un effet contextuel négatif. Apparu conséquemment aux effets indésirables observés et inexpliqués, celui-ci a pu interférer avec l’état pathologique de certains patients, tant au niveau clinique que biologique, et l’activité intrinsèque de médicaments.
1) J’ai, à ce sujet, élaboré un protocole de prise en charge que je cherche à expérimenter au cours d’une étude.
2) Expliquant également les problèmes rencontrés avec les médicaments génériques du Lévothyrox.
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