Quelques définitions
L’acné rétentionnelle correspond à une sécrétion importante de sébum et se manifeste par des points noirs ou blancs (comédons et microkystes). C’est la forme d’acné la moins affichante.
L’acné papulo-pustuleuse signe une acné inflammatoire et donne lieu à des lésions superficielles telles que les papules (petites lésions rouges, saillantes et fermes) ou les pustules (recouvertes d’un liquide purulent). L’acné mixte polymorphe juvénile de l’adolescence combine ces deux types d’acné.
L’acné nodulaire, rare chez l’adolescent, est la plus fréquente des formes graves et se manifeste par des lésions profondes appelées nodules. Elles ont un diamètre supérieur à 5 mm et sont susceptibles d’évoluer vers l’abcès avec formation de cicatrices.
L’acné tardive chez la femme est essentiellement présente au niveau du visage et se manifeste soit sous forme d’une hyperséborrhée associée à des lésions rétentionnelles, soit sous forme inflammatoire avec présence de nodules profonds et de kystes. Il s’agit soit d’une acné débutante, soit d’une prolongation ou d’une rechute d’acné de l’adolescence. On peut observer des poussées prémenstruelles.
Un peu de physiopathologie
L’acné est une maladie du follicule pilosébacé. Schématiquement, son mécanisme associe quatre phases : une hyperséborrhée, une hyperkératinisation, une rétention sébacée et une colonisation bactérienne. Le développement et l’activité de la glande sébacée sont sous la dépendance des hormones androgènes. La testostérone libre pénètre dans la cellule sébacée où elle est convertie grâce à une enzyme, la 5 alpharéductase, en dihydrotestostérone (DHT) très active qui se fixe sur un récepteur nucléaire pour former un complexe. Celui-ci pénètre dans le noyau et se fixe sur des sites particuliers de l’ADN. Là, le message hormonal va être décodé et induire une augmentation de synthèses cellulaires spécifiques, dont une production accrue de sébum. Par ailleurs, le canal excréteur du follicule est obstrué en raison d’anomalies dans la prolifération et la différenciation des kératinocytes, ce qui favorise l’apparition des comédons ouverts et fermés. La formation des lésions inflammatoires est due à la propagation anormale de propionibacterium acnes, bactérie anaérobie de la flore commensale cutanée, qui va favoriser la synthèse de cytokines inflammatoires, notamment l’interleukine 1 (IL-1) et 8 (IL-8).
Les mots du conseil
Quelles sont les zones les plus concernées par l’hyperséborrhée ?
Dans 95 % des cas les lésions se situent sur le visage au niveau de la zone T (menton, nez, front), mais on peut aussi en trouver au niveau du dos, du décolleté, du torse et des épaules (surtout chez les garçons).
Est-elle due à un dérèglement hormonal ?
Chez la majorité des acnéiques, on ne retrouve aucun trouble endocrinien, le taux de testostérone est normal. Les anomalies se situent essentiellement dans la peau et au niveau de la glande sébacée qui présente une sensibilité anormale vis-à-vis de certains récepteurs aux androgènes circulants.
Quelle est l’influence de l’alimentation ?
L’alimentation joue probablement un rôle, mais son mécanisme n’est pas clair et il est prématuré de prescrire des régimes spécifiques. Tout au plus peut-on recommander de limiter l’apport en hydrates de carbone qui favorisent l’hyperinsulinémie, elle-même stimulant la production de sébum.
Et celle du tabagisme ?
Les données sont contradictoires et à ce jour il est difficile d’affirmer que le tabac a une incidence positive ou négative sur l’acné. En revanche, il apparaît que le stress favoriserait l’apparition des lésions acnéiques car il modifie la sécrétion hormonale.
Pourquoi est-il nécessaire de consulter rapidement ?
Une prise en charge précoce permet de diminuer le risque de cicatrices, d’autant que cette affection chronique apparaît en moyenne vers 12-13 ans et s’étend sur des années. D’autre part, son impact sur la qualité de vie est important et s’accompagne d’une forte altération de l’image de soi et de symptômes dépressifs, surtout chez les adolescent(e)s.
Les traitements antiacnéiques en questions : les explications du pharmacien
Quelle est la stratégie du traitement ?
Il est au long cours, il alterne une phase d’attaque (trois mois) et une phase d’entretien (le plus souvent sous forme topique) et il dépend de la forme clinique et de la sévérité de l’acné.
Comment traiter ?
Le traitement de première intention des acnés légères à modérées est local sous forme de gels et de crèmes. Lorsque les lésions s’accompagnent de nombreuses papules et pustules, on y associe des traitements généraux, le plus souvent à base d’antibiotiques de la famille des cyclines de deuxième génération (doxycycline, lymécycline, et minocycline) et l’érythromycine en cas de contre-indications à celles-ci. Ils sont utilisés en cure de trois à six mois en continu pour leurs propriétés antibactériennes et anti-inflammatoires. Les cyclines sont photosensibilisantes, à l’exception de la minocycline, et elles sont contre-indiquées avec les rétinoïdes systémiques. Le gluconate de zinc (Rubozinc, Granions Zinc) est prescrit par voie systémique en cas de lésions inflammatoires et en période estivale en relais des cyclines.
Comment agissent les traitements topiques ?
Les rétinoïdes (trétinoïne, isotrétinoïne, adapalène) agissent sur l’hyperkératinisation et sont conseillés dans l’acné légère à prédominance rétentionnelle. Ils facilitent l’évacuation du sébum et détruisent les comédons mais ils provoquent une irritation locale et il faut leur associer une crème hydratante. Le peroxyde de benzoyle (POB) est un puissant antibactérien et lutte efficacement contre la prolifération de P. acnes, il est indiqué en cas d’acné inflammatoire. Il est également kératolytique et sébostatique. Deux spécialités sont désormais sur prescription médicale facultative et vendues sous le conseil du pharmacien - Brevoxyl crème 4 % (admis au libre accès) et Curaspot 5 % gel à rincer. Il faut savoir que le POB est photosensibilisant et décolore le linge et les vêtements.
Quelle est la place des antibiotiques locaux ?
Ils diminuent la prolifération de P. acnes et ont un effet anti-inflammatoire indirect. Ils trouvent leur place dans les acnés inflammatoires et papulo-pustuleuses (érythromycine, clindamycine). Ils sont généralement associés aux deux traitements précédents sur des périodes courtes, mais il n’est pas pertinent de les associer à un antibiotique oral au risque d’augmenter les effets secondaires et les résistances bactériennes.
Quelle pilule choisir en cas d’acné ?
Chez la femme, les traitements hormonaux associant l’éthinylestradiol (EE) à l’acétate de cyprotérone, progestatif anti-androgène, (Diane, Holgyème, Lumalia, Evepar), sont une autre alternative thérapeutique antiacnéique en s’opposant à l’hyperséborrhée. Les pilules associant l’EE au norgestimate, progestatif non androgène, (Triafemi, Tricilest) présentent l’intérêt d’être à la fois antiacnéique et contraceptive (AMM).
Quand et comment utiliser l’isotrétinoïne par voie orale ?
Ce médicament constitue le traitement de référence des formes d’acnés sévères et résistantes, il atrophie les glandes sébacées et a un effet curatif, mais il induit des malformations chez le fœtus. Une contraception efficace est absolument obligatoire chez les filles et un test de grossesse, fait tous les trois mois, est nécessaire pour obtenir la délivrance du traitement. Les pilules à base d’EE et de cyprotérone n’ont pas d’AMM comme contraceptifs. Leur utilisation dans cette indication est incompatible avec une prescription d’isotrétinoïne dans le cadre légal.
La molécule est-elle dangereuse sur le plan psychique ?
Elle a fait l’objet d’une polémique dans les médias et a été soupçonnée d’être à l’origine de cas de suicides. À ce jour, les données scientifiques et les nombreuses études conduites n’ont pas permis de démontrer un lien de causalité entre la survenue de troubles dépressifs et la prise d’isotrétinoïne. Pour plus d’informations : www.afssaps.fr/, mot-clé : « isotrétinoïne questions réponses ».
Tous ces traitements sont-ils bien supportés ?
Ces médicaments peuvent entraîner une desquamation de la peau et des sensations de brûlure. Il convient alors d’espacer les applications (un soir sur deux) ou de choisir des formes moins concentrées. Une recrudescence de l’acné est fréquente en début de traitement, il faut être patient, l’amélioration ne survenant que vers la 6e ou 8e semaine de traitement. Avec l’isotrétinoïne il est recommandé d’utiliser un stick lèvres nourrissant et hydratant et des larmes artificielles.
Y a-t-il de nouvelles molécules en cours d’étude ?
Le défi est de trouver des récepteurs pour transporter les molécules plus en profondeur dans la peau. Les nouvelles molécules à l’étude sont l’acide laurique qui est un puissant antibactérien, des peptides antimicrobiens, des oligonucléotides, des inhibiteurs de l’androgène. L’Efectiose (TriAcnéal) est une innovation brevetée dont la biodisponibilité permet une diffusion ciblée sur les médiateurs responsables de l’irritation (IL-1 et IL-8).
Les produits conseils
Le pharmacien est un interlocuteur privilégié pour apprendre aux ados les bons gestes d’hygiène, leur expliquer les soins cosmétiques associés, et aussi combattre les idées reçues.
Pour nettoyer ma peau, j’utilise une lotion spéciale peau grasse.
La toilette doit être douce afin de respecter le film hydrolipidique. Le nettoyage de la peau, de préférence biquotidien, peut se faire avec un pain sans savon ou syndet (Hyfac Plus, Dermo Pain…). Il faut éviter les antiseptiques moussants trop détergents et les solutions hydroalcooliques irritantes. Les solutions micellaires ont l’avantage de ne pas nécessiter de rinçage.
Je fais peu de gommage car j’ai peur d’irriter ma peau.
Il faut choisir des gommants et des exfoliants doux à raison de deux fois par semaine. Ils réalisent un peeling superficiel et affinent la couche cornée en la débarrassant des lipides de surface. Normaderm Tri-activ (Vichy) intègre trois actifs peeling dermatologiques dans un soin quotidien hydratant pour une triple efficacité anti-imperfections. Il est aussi possible d’agir de façon ciblée sur les boutons et les points noirs grâce à des patchs purifiants, des sticks, des roll-on.
Je ne sais jamais quel soin choisir car les formules sont très complexes.
La tendance est aux formules qui combinent plusieurs soins spécialement conçus pour les peaux grasses à tendance acnéique. Les crèmes émollientes et hydratantes compensent la sécheresse et l’irritation des traitements antiacnéiques locaux ou oraux.
J’ai du mal à faire pénétrer et à étaler ma crème
Il faut commencer par se laver les mains avant chaque application, et appliquer le produit sur une peau bien sèche (attendre au moins quinze minutes après le rinçage), en évitant les muqueuses et le contour des yeux. Les produits très gras et huileux favorisent l’obstruction des pores et la survenue d’acné. Il faut préférer les textures légères comme la version fluide de Sébium AKN.
J’arrête mon traitement l’été à cause du soleil
L’exposition au soleil doit être évitée pendant toute la durée du traitement oral, sinon choisir une protection solaire d’indice maximal (SPF 50 +). Se méfier aussi des topiques : même s’ils ne sont pas photosensibilisants, ils fragilisent l’épiderme et il faut respecter rigoureusement les règles de photoprotection et/ou les appliquer le soir. En cas de doute un avis médical est préférable.
Quand je me rase, j’écorche mes boutons
Chez les hommes, le rasage électrique est préférable au rasage mécanique plus traumatisant pour la peau, et dans ce cas utiliser des mousses à raser adoucissantes, antiseptiques et antibactériennes (Nobacter gel ou mousse, La Roche-Posay XY…). Appliquer ensuite des lotions après-rasage adoucissantes sans alcool. Des pulvérisations d’eaux thermales soulagent et hydratent instantanément.
Je continue à me maquiller pour masquer mes boutons
Pour les jeunes filles coquettes, le maquillage n’est pas interdit à condition d’utiliser des fonds de teint non gras, non comédogènes. Il existe des soins teintés spécifiques qui couvrent les boutons. Les produits couvrants et matifiants sont aussi une bonne solution pour masquer les imperfections et empêcher la peau de « luire ». Il existe en pharmacie tout un choix de crayons ou de sticks antirougeurs ou correcteurs.
3 questions à…
Françoise Amouroux
Cas de comptoir
Les allergies aux pollens
Pharmaco pratique
Les traitements de la sclérose en plaques
Alzheimer : l’immunothérapie ouvre de nouvelles perspectives