DERRIÈRE le mot cancer, il n’y a pas seulement le dépistage, la chimiothérapie, et les essais thérapeutiques. Il y a aussi la réinsertion, le soutien psychologique, et la convalescence, composantes trop souvent écartées des prises en charges traditionnelles. Avec l’ambition de corriger ces insuffisances, l’Institut Curie a consacré son Baromètre cancer 2014 aux enjeux sociétaux liés au cancer. Et plus particulièrement à la perception des français quant à la qualité de vie, à l’information et à l’ « après-cancer ».
Le réconfort des approches psychocorporelles.
Peu surprenants, les résultats reflètent l’évolution de notre société. Une information plus individualisée, l’ajout d’approches psychocorporelles, et un soutien social « après » le cancer, telles sont les attentes des Français à l’égard des professionnels de santé. Selon le Baromètre cancer, 72 % des Français estiment aujourd’hui que les approches psychocorporelles sont importantes en complément des traitements médicaux. Alors qu’ils n’étaient que 63 % un an auparavant. Si les femmes sont plus sensibles à ce type d’aide, tous considèrent le soutien psychologique comme le point principal à améliorer dans le traitement du cancer, en terme de qualité de vie.
Qu’en pensent les professionnels ? À l’Institut Curie, l’intérêt des soins de support n’est plus mis en doute. Des approches psychocorporelles, telles que l’hypnose, la relaxation, la sophrologie, et même, certains arts martiaux, ont été intégrés. Pour le Dr Sylvie Dolbeaut, psychiatre responsable de l’unité de psycho-oncologie et chef du département des soins de support à l’institut Curie, « ces approches complémentaires ne remplacent pas le traitement du malade, mais elles donnent un rôle pro-actif aux patients dans la gestion de la douleur, de l’anxiété, etc. ».
Le programme « Activ ».
Le réconfort psychologique serait, selon le sondage, le premier intérêt évoqué, suivi de l’amélioration psychique et physique à laquelle ces disciplines contribueraient. Dans cette mouvance, un programme innovant, intitulé « Activ », a été mis en place à l’institut Curie, à l’attention des femmes atteintes d’un cancer du sein. Ce dernier associe une activité physique adaptée et des ateliers nutritionnels, destinés à se réapproprier une hygiène de vie bénéfique pour la santé. « Ce programme permet aux femmes de retrouver un sentiment de contrôle sur leur vie », précise le Dr Dolbeaut. Une vie qu’il est parfois difficile de retrouver telle quelle après un cancer.
La qualité de vie « après ».
Selon le Baromètre cancer, 66 % des Français pensent qu’il est possible de retrouver la même vie qu’avant la maladie. Un optimisme qui serait moins franc chez les femmes, chez qui l’opportunité de reprendre une vie comme avant, ne serait envisageable que pour 50 % d’entre elles.
Largement évoqué dans le dernier plan cancer, cet « après » de la maladie reste « insuffisamment considéré », note le Dr Marc Estève, directeur de l’ensemble hospitalier de l’Institut Curie. « La convalescence est une étape cruciale », précise-t-il. La reprise du travail étant une des principales difficultés à laquelle les survivants du cancer doivent se confronter. Et ce, pour plusieurs raisons : difficulté de poursuivre le suivi médical, fatigue, manque de confiance en soi, etc. Mais l’obstacle le moins évident, aux dires des sondés, c’est le regard des collègues.
Une consultation post-thérapeutique.
C’est ce que mettent en avant 45 % des cadres interrogés dans le cadre du Baromètre cancer. Cette vulnérabilité de l’ « après-cancer » doit être, du point de vue du Dr Estève, « anticipée ». Il ajoute que « cette étape se prépare avec le patient en identifiant les difficultés éventuelles, comme les troubles de la concentration, la fatigue, la douleur, etc. ». Cela, afin d’aider le patient à prendre conscience de ses difficultés, et à l’accompagner vers une meilleure gestion de ces dernières. L’information et l’accompagnement individualisé étant les garants d’une telle anticipation, élaborée en collaboration avec le patient.
Si les traitements plus ciblés sont de moins en moins lourds avec moins d’effets secondaires, il n’en reste pas moins que « la phase post-thérapeutique initiale est souvent la plus difficile ». Ce à quoi le Dr Estève propose des solutions, comme celle de mettre en place « une consultation post-thérapeutique », qu’il envisage, pour sa part, comme une nécessité.
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