« Savoir différencier un rhume d’une rhinite allergique »

JUSTINE ROETHINGER›

Publié le 23/10/2014
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PHARMACIEN RESPONSABLE TRADE MARKETING ET COMMUNICATION IFMO*
LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN. – Comment différencier un rhume d’un phénomène allergique (rhinite allergique) ?

JUSTINE ROETHINGER. – Les rhinites sont des inflammations aiguës ou chroniques des voies aériennes, le plus souvent d’origine infectieuse ou allergique. Elles se caractérisent par un œdème et une vasodilatation de la muqueuse nasale, une rhinorrhée et une obstruction nasale.

Le rhume, inclut la notion de rhinite, qui désigne l’irritation et l’inflammation des muqueuses de la cavité nasale. À ce titre, rhume et rhinite allergique partagent un certain nombre de symptômes comme des éternuements successifs, un écoulement nasal et une obstruction nasale. Cependant, certaines caractéristiques les différencient. L’origine d’un rhume est virale alors que la rhinite allergique est causée par des allergènes. Le facteur déclenchant diffère donc, dans le premier cas, une contamination virale et dans le second, un contact avec un allergène. D’autres symptômes sont associés comme l’irritation des yeux, les picotements du nez pour la rhinite allergique là où le rhume peut s’accompagner de douleurs musculaires, d’expectorations épaisses et de céphalées. Enfin, la durée des symptômes permet de caractériser l’affection : une semaine pour un rhume, quelques jours à quelques mois pour une rhinite d’origine allergique.

- Comment bâtir un solide conseil face au rhume ?

Dites à vos patients de ne pas « banaliser » cette infection au risque qu’elle se propage, le rhume pouvant très bien dégénérer en pathologie plus sérieuse. Un lavage nasal doit être systématiquement proposé (en cas de rhume ou de rhinite allergique), que ce soit en prévention ou en association avec d’autres traitements. Il va permettre de dégager les fosses nasales et d’apaiser l’irritation liée à la rhinite. Il va également faciliter l’évacuation des allergènes. Le mode d’utilisation des solutions de lavage est simple mais pas toujours bien appliqué : au-dessus d’un lavabo, pencher la tête à l’horizontale et introduire l’embout du flacon dans la narine supérieure en appuyant franchement. Le liquide de lavage ressortira par la narine du bas. Le traitement du rhume, en lui-même, consiste en l’utilisation d’antipyrétiques associés ou non à des substances décongestionnantes locales.

Pour une rhinite allergique, différents types de médicaments permettent de soulager les symptômes : antihistaminiques d’action locale ou générale, vasoconstricteurs décongestionnants associés à un antihistaminique, corticoïdes mais également des traitements homéopathiques ou à base d’oligo-éléments.

Attention, avant l’administration d’un médicament par voie nasale, il convient de bien dégager le nez, par lavage et mouchage.

Quels conseils donner en prévention ?

Vos conseils sont essentiels en prévention mais aussi pour aider vos patients à mieux gérer leurs traitements. De nombreuses mesures peuvent être prises pour éviter une infection d’origine virale. Tout d’abord, pensez à rappeler à vos patients les mesures d’hygiène essentielles, à savoir un lavage régulier des mains, un lavage nasal et un mouchage (mouchoirs en papier) réguliers. Votre rôle consiste aussi à prévenir vos patients des situations ou facteurs déclenchants/aggravants : éviter l’exposition à la climatisation et les effets « chaud-et-froid » ; éviter autant que possible les lieux très fréquentés et le contact avec les personnes contagieuses ; ne pas surchauffer l’habitation qui, dans l’idéal, doit être maintenue à une température de 19 °C ; préférer les vêtements chauds et amples.

Pour prévenir une rhinite d’origine allergique, les conseils porteront sur l’éviction de l’allergène par des mesures d’hygiène spécifiques comme l’aération de l’habitat, le ménage, le port de vêtements de protection…

Rappeler aussi, dans tous les cas, que la suppression ou une forte diminution du tabagisme reste l’une des toutes premières règles à respecter !

Quelles familles de produits doivent figurer dans le rayon ?

Vous pouvez présenter des antalgiques pour soulager les maux de tête, des solutions d’eau de mer ou du sérum physiologique pour nettoyer les fosses nasales, des vasoconstricteurs pour contracter les vaisseaux et améliorer la qualité de la respiration, des décongestionnants nasaux. Misez, par ailleurs, sur les essences naturelles aux vertus antiseptiques et décongestionnantes : l’huile essentielle de ravintsara est reconnue pour ses propriétés antivirales (surtout des voies respiratoires), anti-infectieuses, immunostimulantes. En plus, elle aide à lutter contre l’écoulement nasal, elle facilite l’expectoration et le dégagement des voies respiratoires. Elle est notamment indiquée en cas de grippe, bronchites ou rhinopharyngites… L’huile essentielle de Romarin à cinéole (Rosmarinus officinalis CT cinéole) agit en synergie avec l’huile essentielle de ravintsara et l’huile essentielle d’eucalyptus radié et est utilisée dans les mêmes indications. L’huile essentielle d’eucalyptus globuleux (Eucalyptus globulus), pour sa part, est antivirale, antimicrobienne, anticatarrhale, antiseptique et décongestionnante des voies respiratoires et donc très utilisée en cas de bronchite ou de rhinopharyngite. L’huile essentielle de Menthe poivrée (Mentha x piperita), enfin, se retrouve dans de nombreuses formules pour le rhume notamment grâce à la fraîcheur du menthol qui donne l’impression de mieux respirer.

Attention, toutefois, aux nombreux cas de contre-indications - grossesse, enfant de moins de 3 ans (toutes voies) et de moins de 12 ans (inhalation) – liées à l’utilisation de nombreuses huiles essentielles. De la même façon, certaines sont déconseillées chez l’enfant de 3 à 6 ans et en cas d’antécédent d’épilepsie.

* Initiative Française du Marketing Officinal.
PROPOS RECUEILLIS PAR A.-S.P.

Source : Le Quotidien du Pharmacien: 3125