Comment animaux et humains s’infestent-ils ?
Le développement de D. caninum, comme celui de tous les cestodes, nécessite un hôte intermédiaire, principalement la puce du chat (mais aussi celle de l’homme) et occasionnellement le pou. La puce, insecte piqueur qui vit dans le pelage des chats et chiens, pond des œufs qui tombent au sol. Leur éclosion donne des larves vermiformes (1 à 2 mm de long) très mobiles qui se nourrissent sur le sol de débits organiques, de squames cutanées et du sang séché des crottes de puces adultes. Elles peuvent aussi ingérer des œufs de ténia Dipylidium, provenant d’animaux infestés. La larve ainsi infestée par D. caninum, évolue en jeune puce adulte porteuse de ce ténia.
La transmission du ténia à l’hôte se fait par ingestion de la puce parasitée. La plus grande fréquence de la dipylidiose chez le chat, s’explique par son intense activité de toilettage (jusqu’à 1/3 de son temps), qui aboutit à l’ingestion plus massive de puces.
Chez l’homme, l’ingestion de puces est accidentelle et résulte le plus souvent d’un contact très étroit avec un animal parasité. Cette situation se rencontre typiquement lorsque des jeunes enfants (âgés de moins de 6 mois à 5 ans) caressent un animal infesté puis portent leur main à la bouche ou se font lécher le visage.
Dipylidiose : quels sont les risques pour l’homme ?
Même si D. caninum peut infester l’homme, la dipylidiose humaine est assez rarement décrite avec environ une centaine de cas depuis 1903 selon une publication (1). Cela s’explique tout d’abord parce que ce sont souvent de très jeunes enfants qui sont touchés et que l’infestation reste la plupart du temps asymptomatique. Les cas documentés mentionnent parfois des troubles digestifs discrets et sans gravité chez les enfants ou les nourrissons, ce qui permet de penser que cette pathologie est certainement sous diagnostiquée. Des proglottis (segments de ténias en forme de grain de riz) peuvent occasionnellement être observés dans les selles de l’hôte et révéler l’infestation (2). Chez l’homme, qui n’est pas un hôte définitif de D. caninum, l’infestation se limite d’elle-même, avec généralement disparition spontanée après 6 semaines en raison de l’absence de multiplication du parasite, contrairement à l’animal, chez qui le parasite adulte peut vivre plusieurs mois.
Le traitement recommandé chez l’homme consiste en une prise orale unique de praziquantel ou de niclosamide.
Quels conseils pour éviter cette zoonose ?
La prévention de la dipylidiose humaine comporte plusieurs volets :
Éviter le léchage du visage des enfants par les chiens et chats et autres comportements à risque. Toujours se laver les mains après un contact étroit avec un animal (en particulier s’il est porteur de puces…).
Vermifuger les chiens et les chats régulièrement avec un vermifuge cestocide (le praziquantel est efficace à 5 mg/kg per os, 10 mg/kg en spot-on chez le chat). En cas d’infestation avérée, renouveler le traitement plusieurs fois à 3 semaines d’intervalle (période pré-patente (3) de D. caninum = 3 semaines).
Traitement antipuces des chiens et chats tout au long de l’année associé, le cas échéant, à un traitement antipuces de l’environnement pour éliminer les formes larvaires. Conseiller, si l’animal est porteur de puces, une vermifugation contre Dipylidium car la dipylidiose canine ou féline associée à la présence de puces est particulièrement fréquente.
Conclusion
Même si la dipylidiose humaine est réellement une zoonose, elle est très rarement observée, reste le plus souvent asymptomatique, et touche surtout les enfants. Comme la vermifugation et le traitement antipuces des carnivores domestiques permettent de limiter efficacement le risque de transmission à l’homme, il est essentiel de bien conseiller, lors de la vente au comptoir d’un traitement antipuces chez un animal parasité, de compléter celui-ci par une vermifugation cestodicide.
1) Raul. R. Cabello et al., Dipylidium caninum infection BMJ Case Reports 2011 ; doi:10.1136/bcr.07.2011.4510.
2) Claudia P. Molina, Infection by Dipylidium caninum in an Infant, Arch Pathol Lab Med (2003) 127 (3): e157–e159., https://doi.org/10.5858/2003-127-e157-IBDCIA.
3) Période entre le moment ou on contracte le parasite (ou on est infectés) et le moment ou on peut le détecter (le voir au microscope p-ex).
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