Contre toute attente, l'épidémie n'a pas ébranlé la solidité financière des officines. Les experts-comptables, qui avaient identifié en 2020 les capacités du réseau officinal à absorber le choc d'une crise sanitaire, voient leurs pronostics confirmés.
Un BFR de huit jours
Exprimé en jour d'achats, le niveau de stocks – ou niveau de rotation des marchandises - se réduit même d'un jour depuis 2019. Il est désormais de 44 jours pour Fiducial, de 47 pour CGP, tandis que les clients de KPMG gagnent même 3,4 jours (46,6 jours). Parallèlement, souligne Joël Lecoeur, expert-comptable du cabinet LLA, membre de CGP, la créance clients reste stable et équivaut toujours à 7 jours de ventes pour les pharmacies CGP et Fiducial, KPMG notant une réduction de 0,4 jour à 7,3 jours depuis 2019. Les crédits fournisseurs se situent entre 33 et 43,3 jours.
Au final, constate Joël Lecoeur, le titulaire a un besoin en fonds de roulement (BFR) équivalent à huit jours de chiffre d'affaires pour compenser le décalage entre ces différents postes. « La structure financière d'une officine nécessite peu de trésorerie puisque tout s'équilibre à 8 jours de chiffre d'affaires », conclut Joël Lecoeur.
Mieux même, la pharmacie française semble avoir renforcé sa solidité pendant la crise. Comme le rappelle Philippe Becker, expert-comptable chez Fiducial, fin 2020, les analyses avaient déjà révélé les capacités du réseau officinal à résister au choc sanitaire. Aujourd'hui, ces observations se traduisent par ce constat : jamais, le nombre de pharmacies à découvert n'avait été aussi faible. Il a diminué de 10 % en un an, se félicite Philippe Becker. Ainsi, le taux de pharmacies très endettées (découvert supérieur à 30 500 euros) continue de diminuer. Elles étaient encore 4,62 % dans cette situation en 2019 et ne sont plus que 2,01 % un an après.
L'expert-comptable ne veut pas croire aux miracles. Il a même une explication rationnelle à ce phénomène. La théorie du « quoi qu'il en coûte » a, aussi, bénéficié à l'officine, permettant aux titulaires d'opérer des reports d'échéances bancaires et de paiements de charge TNS. « Assez peu de titulaires ont en revanche demandé un PGE (prêt garanti par l'État) », relève Philippe Becker, attirant cependant l'attention sur un effet mécanique, sinon en trompe-l’œil de ce phénomène.
S'il est certain que le remboursement de ces dettes pèsera à l'avenir sur la trésorerie, les pharmacies ont pu profiter d'un répit pendant l'année écoulée. Les effets ne se sont pas fait attendre puisque les officines enregistrent une hausse entre 18,15 % et 25,18 % de leur trésorerie en l'espace d'un an. « 42 % des officines disposent d'un mois d'achat de trésorerie, 29 % de deux mois », précise Philippe Becker, s'appuyant sur une étude Fiducial. Cette bonne santé des structures financières a pour autre conséquence bénéfique une baisse des dépôts de bilan sur l'année.
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