Pendant presque 7 ans, j’ai été titulaire de mon officine à Strasbourg. J’ai commencé en officine, presque par hasard, après avoir travaillé à l’hôpital. Tout au long de ces années, j’ai été de tous les combats et de toutes les missions. D’abord, avec la découverte du monde de l’entrepreneuriat : RH, gestion, marketing, achats… Puis le temps du Covid est passé par là, se conjuguant sur la distribution de masques, de gel et de tests. Quelle période compliquée, mais ô combien gratifiante qui donnait l’opportunité d’être encore plus au service de la population ! Vint ensuite le temps de m’investir pour les autres : place au syndicat, à l’URPS où j’étais élu et à la création d’une CPTS. Le temps aussi de m’engager dans la formation en tant qu’enseignant en fac de pharmacie et au CFA pour les préparateurs.
Mais aux côtés de ces multiples activités, le principal est resté la pharmacie et le contact avec le patient. Avec une "petite pharmacie" et des collègues en or, nous avons réussi à faire de notre officine une pharmacie à notre image : une pharmacie de conseil, centrée sur les soins avec une expertise sur les produits naturels !
Il y a maintenant deux ans, j’ai créé mon laboratoire de plantes, je dispense des formations et j’interviens dans des conférences. Et pour couronner le tout, la dernière étape a été la création de l’Association de phytothérapie et herboristerie cliniques, qui regroupe plus de 200 adhérents et 1 000 sympathisants.
Bref, j’ai atteint aujourd’hui l’Everest de mon cursus professionnel. Mais alors pourquoi arrêter ? Eh bien justement, la fatigue, le stress et mon mode de vie à 200 km à l’heure ont eu raison de ce projet. En plus de ça, le métier change : fonds de pension, baisses de marge, difficultés à recruter, pénuries de médicaments, patients agressifs… Sans compter l’insistance des laboratoires qui veulent vendre et les prestataires qui profitent du pharmacien.
Pharmacien en ville, c’est bien, mais ce n’est plus en adéquation avec mes convictions et ma vie de famille. J’arrête ce projet parce que je veux retrouver mon métier, cette passion qui m’anime. Quelle est l’essence de la pharmacie ? Comment renouer avec notre métier plus que millénaire ? Comment redonner de la force et de la conviction aux jeunes étudiants ?
J’ai aimé la Pharmacie du Pont Kuss, j’ai vécu et grandi avec elle, mais, dans la vie, il faut savoir tourner certaines pages pour pouvoir écrire un nouveau livre, accepter de perdre ou de remettre en question certains acquis pour pouvoir avancer sur de nouveaux projets et aller encore plus loin. Je repars donc me reposer pour le moment et je vais retravailler à l’hôpital un certain temps.
Peut-être reviendrai-je en officine, mais, à ce moment-là, ça sera uniquement pour créer La Pharmacie de demain… Une pharmacie qui puise dans ses racines pour grandir, fleurir et nourrir toute la population. Une pharmacie de passion et d’enVIE !
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