Avec la progression la plus importante de leur chiffre d’affaires de ces quinze dernières années, les pharmaciens pourraient être satisfaits de leur exercice 2020. Pourtant, comme le souligne le réseau CGP à l’origine de ces informations, ce résultat est dopé artificiellement par les médicaments chers.
L’année 2020 aura été une année particulière à de nombreux égards pour l’activité officinale. Mais l’un des effets les plus inattendus a été la hausse record du chiffre d’affaires. L’activité affiche en effet un bond de 2,97 %, à 1,93 million d’euros en moyenne. « C’est la meilleure progression depuis quinze ans », constate Bastien Legrand, expert-comptable du cabinet FCC à Lille et membre du bureau du réseau CGP (Conseil gestion pharmacie) qui a présenté ce matin la 7e édition du bilan annuel de la pharmacie*. Les pharmaciens garderont en mémoire une hausse spectaculaire de leur activité lors de la première quinzaine de mars 2020, de 27 % en moyenne, alors que certaines officines avaient doublé leur activité dans les jours qui précédaient le premier confinement. Les officinaux se souviendront également d’un « effet rattrapage » en juin, expose Bastien Legrand, tout comme d’un dernier trimestre qui a vu les prescriptions hospitalières augmenter de 5 %, tandis que les services tels que la vaccination contre la grippe et les tests antigéniques « ramenaient du chiffre d’affaires supplémentaire en fin d’exercice ».
Mais le premier facteur de la croissance du chiffre d’affaires est la vente des médicaments chers - dont le prix excède 1 930 euros - qui a bondi de 13,1 %, alors que le médicament remboursable n’évoluait dans sa globalité que de 0,32 % (sans honoraires) et de 3,04 % avec les honoraires. « Grâce aux honoraires qui s’élèvent désormais à 196 000 euros, soit une hausse de 23,7 % en un an, les produits de TVA à 2,1 % représentent le segment qui a le plus progressé, hormis celui de la TVA à 5,5 %, et ce en dépit d’une baisse des volumes de prescription de 3,16 % et d’une inflexion de 2,61 % sur les prix des médicaments », analyse Bastien Legrand, ajoutant que les honoraires constituent désormais 60 % de la rémunération officinale sur le médicament remboursable et 33 % sur la marge brute globale toutes activités confondues.
L’expert-comptable ne manque cependant pas de remarquer que la montée en charge des médicaments chers n’est pas sans poser problème à l’économie officinale. Si la marge brute globale en valeur absolue a pu progresser de 11 000 euros à 597 000 euros en moyenne, sous l’impulsion des médicaments chers, le taux de marge ramené au chiffre d’affaires baisse en valeur relative, 30,84% du CA contre 31,15 % du CA en 2019. Le même phénomène se répercute sur l’EBE, en baisse en valeur relative à 12,3 % du chiffre d’affaires, mais en légère hausse en valeur absolue : 238 000 euros contre 236 700 en 2019. Les médicaments chers sont désormais un paramètre essentiel observé quotidiennement par les experts-comptables, plus particulièrement dans le cadre de la cession d’une officine.
*Sur un panel de 1 783 officines, dont 34 % situées en zone rurale, 33 % en zone urbaine, 25 % dans des gros bourgs et 8 % en zone commerciale. 50 % de cet échantillon sont composés par des officines d’un chiffre d’affaires entre 1 et 2 millions d’euros, 35 % entre 2 et 4 millions, 14 % en deçà d’1 million et 4 % d’un chiffre d’affaires supérieur à 4 millions. 55 % de ces titulaires exercent en SEL.
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