Dans un communiqué publié ce 25 octobre, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) demande le report de la mesure imposant l’utilisation d’ordonnances sécurisées pour toute prescription de tramadol, codéine et dihydrocodéine. Alors que cette règle doit s’appliquer dès le 1er décembre, le syndicat juge ce délai trop court, alertant sur le fait que de nombreux pharmaciens ne sont pas encore équipés pour pouvoir traiter des ordonnances numériques.
Dans un peu plus d’un mois, le tramadol, la codéine et la dihydrocodéine devront être prescrits sur des ordonnances sécurisées, Une mesure prise par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) pour limiter le mésusage et la falsification d’ordonnance associés à ces médicaments. Si la FSPF se dit « favorable à cette initiative », elle juge irréaliste de la mettre en œuvre dès le 1er décembre, comme cela est prévu. « L’extension de ce dispositif, dans des délais rapprochés, à des médicaments largement prescrits aggravera des difficultés de mise en œuvre au comptoir », alerte en effet la FSPF. Pour le syndicat, le problème concerne précisément « l’exécution des ordonnances sécurisées au format numérique, qui n’est à ce jour pas compatible avec certains logiciels métiers utilisés par plusieurs milliers d’officines ». Par conséquent, « les pharmaciens n’auront que deux choix aussi insatisfaisants l’un que l’autre : perdre un temps conséquent pour obtenir une ordonnance papier conforme voire, dans des cas assez fréquents tels que l’injoignabilité du prescripteur, refuser purement et simplement la dispensation du traitement », prévient le syndicat, qui se refuse à devoir accepter l’une ou l’autre de ces options.
Selon Philippe Besset, président de la FSPF, un peu moins de 5 000 pharmacies, soit environ un quart du réseau, seraient aujourd’hui dans l’incapacité de traiter des ordonnances numériques et donc de lire les QR Code présents sur le document, du fait de l’incompatibilité de leur logiciel métier. « Il est bien sûr important de lutter contre les addictions et les fausses ordonnances sur ces médicaments mais il faut que ce soit faisable au comptoir par les pharmaciens. Il faut arrêter de nous mettre en porte-à-faux devant les patients », insiste-t-il. Après avoir interpellé l’assurance-maladie sur ce sujet, La FSPF veut aujourd’hui sensibiliser le gouvernement à l’importance d’anticiper ces difficultés techniques et à reporter la date de mise en œuvre de cette mesure « jusqu’à ce que les praticiens disposent des outils nécessaires ». Selon Philippe Besset, quelques mois seront sans doute nécessaires avant que tous les pharmaciens ne soient équipés. « Je demande un moratoire le temps que tous les pharmaciens puissent lire ces ordonnances numériques », appuie le président de la FSPF.
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