L’État d’urgence sanitaire, vraisemblablement prorogé jusqu’au 24 juillet, va-t-il prolonger d’autant les dispositifs concernant les renouvellements d’ordonnances et la production de gels hydroalcooliques ? La profession demande une clarification.
Le Sénat se penchera dans la soirée sur le projet de loi présenté samedi au Conseil des ministres et prorogeant l'état d'urgence jusqu'au 24 juillet, avant l'examen de ce texte à l'Assemblée nationale à partir de mardi. Cette prorogation de l’état d’urgence sanitaire interroge les pharmaciens sur la prolongation de certaines dispositions mises en place depuis le mois de mars. Elle concerne en tout premier lieu l’autorisation de fabriquer des solutés hydroalcooliques (SHA). Dans son Webinar hebdomadaire, Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) a déclaré que retirer cette autorisation aux pharmaciens serait un non-sens. « Ce serait une catastrophe car la déconfinement va provoquer une hausse spectaculaire de la consommation de SHA. Il va falloir continuer la production bien au-delà du mois de mai et agir afin que la filière d’approvisionnement soit plus fluide », affirme-t-il, indiquant qu’une note a été adressée à la Direction générale de la santé (DGS) et qu’une réunion avec les représentants de la profession et le ministère devrait permettre d’éclaircir ce point. Invitée de ce Webinar, la pharmadéputée Agnès Firmin-Le Bodo, s'est dite en accord avec cette ligne tant que l’état d’urgence sanitaire serait prolongé.
Concernant le renouvellement d’ordonnances auquel les pharmaciens sont également autorisés, l'éventualité de son arrêt brutal au 31 mai soulève des questions. Le dispositif de déconfinement prévoit en effet que les généralistes soient en première ligne pour recevoir les cas suspects, procéder à leur dépistage, voire à leur orientation vers des mesures d’isolement, avec une rémunération de 55 euros. Dans ce contexte, les cabinets médicaux ne risquent-ils pas d’être saturés ? Pourront-ils recevoir à nouveau des patients pour le renouvellement de leur traitement ?, s'interrogent les pharmaciens. « Le bon sens est que les patients doivent retourner consulter leur médecin. Il faudra voir si les médecins peuvent accueillir les patients dont nous avons déjà renouvelé deux fois les traitements, ou les patients sous hypnotiques ou substituts aux opiacés », affirme Gilles Bonnefond. Il propose que, en revanche, les prescriptions arrivant à expiration au 31 mai puissent être prolongées par le pharmacien.
Le président de l'USPO a aussi évoqué l'avenir, au-delà du 31 mai, d’autres dispositifs mis en place pendant cette première période d’état d’urgence sanitaire : la restriction de la dispensation du paracétamol, du Plaquenil (hydroxychloroquine) ou encore des substituts nicotiniques. Autant de mesures qui ont été prises, a-t-il rappelé, sous l’impulsion des pharmaciens qui ont démontré une nouvelle fois leur rôle de professionnels de santé.
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