UNE ACTION peut en cacher une autre. L’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) appelle à un rassemblement dans la capitale, lundi prochain. Le rendez-vous est fixé à 10 h 30 devant les locaux de la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM)*, dans le 20e arrondissement. « Nous devons créer un rapport de force avec le gouvernement alors que les négociations n’en finissent pas, sans aucune perspective concrète de sortie de crise », explique Gilles Bonnefond, président délégué de l’USPO. « Il faut montrer aux pouvoirs publics que les pharmaciens sont déterminés », ajoute-t-il. Au programme de la journée du 11 octobre, manifestation et pique-nique sous les fenêtres de Frédéric van Roekeghem, le directeur général de l’organisme payeur. Signe du rassemblement : la blouse blanche.
Mais pourquoi avoir choisi le siège de l’assurance-maladie ? « Parce que l’un des thèmes forts de la protestation est la remise en cause des grands conditionnements justement défendus par la CNAM », répond Gilles Bonnefond. Depuis plusieurs mois, le syndicat milite pour l’arrêt des emballages trimestriels qu’il juge « destructeurs de l’économie de l’officine ». « Toute revalorisation de la marge du pharmacien serait immédiatement gommée sous l’effet des grands conditionnements », estime Gilles Bonnefond. Car, à chaque grand modèle vendu, « c’est 40 à 50 % de notre marge qui s’évapore », comparé à la dispensation de trois petites boîtes. Au-delà de la perte pour les pharmaciens, le syndicat accuse également ces traitements trimestriels d’être source de gaspillage. Aussi demande-t-il aux manifestants d’apporter, outre leur panier à pique-nique, toutes les boîtes de trois mois non utilisées retournées à leur officine par les patients.
À l’origine d’une gabegie, les emballages trimestriels sont également pour l’USPO, un motif de mauvaise observance des prescriptions. La présence simultanée sur une ordonnance de traitements d’un et de trois mois perturbe parfois les patients qui ont alors du mal à s’y retrouver. « C’est un système déviant, affirme Gilles Bonnefond. Ceux qui s’intéressent à l’économie le trouvent intéressant. Mais ceux qui s’intéressent à la santé, le jugent inadapté. »
Au-delà de la remise en cause des grands conditionnements, la manifestation organisée par l’USPO entend également dénoncer l’absence de décisions du gouvernement concernant la rémunération des pharmaciens. « On ne peut pas laisser se dégrader davantage l’économie des officines », prévient Gilles Bonnefond.
Succès de la pétition de l’UNPF.
Déjà, le 28 septembre, l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) avait lancé une action « Journée morte » au cours de laquelle de nombreuses croix, enseignes et vitrines étaient restées éteintes dans toute la France. « C’est par votre mobilisation que la détermination de la profession sera entendue par les pouvoirs publics », plaidait le syndicat. L’objectif de la « Journée morte » était également d’engager le dialogue avec le public et de lui proposer de signer une pétition pour la sauvegarde de la pharmacie de proximité. Et ça marche. « C’est un succès », indique l’Union qui a décidé de maintenir l’opération jusqu’à demain, vendredi 8 octobre. Les pétitions signées arrivent en effet en masse rue de Spontini, siège de l’UNPF, rapporte le syndicat. Parallèlement, ce dernier est toujours décidé à poursuivre la grève des gardes entamée en juillet.
La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) reste elle aussi mobilisée. Elle maintient sa consigne de suspension de participation au service de garde et d’urgence, sans pour autant vouloir, en tout cas pour le moment, durcir le mouvement.
À environ deux semaines d’une réunion déterminante pour l’avenir économique du réseau, la tension monte d’un cran. À défaut d’avoir une position commune, les syndicats d’officinaux ont un objectif commun : obtenir du gouvernement qu’il prenne enfin les décisions indispensables pour revaloriser la marge des pharmaciens.
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