C’est un fait. « La couverture vaccinale spécifique du vaccin anti-HPV reste à un niveau extrêmement bas (20 %) en France, alors que presque tous les autres pays européens atteignent les 70 % », déplore la Dr Hélène Péré, virologue à l’hôpital européen Georges-Pompidou. Pourtant, certains exemples devraient nous inciter à infléchir cette tendance, comme « en Australie où l’on vaccine aussi bien les filles que les garçons, cette couverture est supérieure à 80 % et l’on voit déjà clairement les premiers bénéfices arriver en termes d’incidence du cancer du col de l’utérus », ajoute-t-elle.
Dans ce contexte, le Dr Péré se veut parfaitement claire : « l’efficacité de cette vaccination contre les lésions de haut grade est prouvée et l’absence de relation entre le vaccin et la survenue d’une sclérose en plaques (SEP) est confirmée. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) n’a ainsi rapporté que 113 cas de SEP pour 127 millions de doses administrées ». De manière plus générale, elle estime qu’« il ne faut pas hésiter à répéter qu’il n’existe aucun lien établi entre le vaccin anti-HPV et une maladie auto-immune quelle qu’elle soit » car la propagation de ces fausses informations a « un effet catastrophique » sur la santé publique.
3 000 nouveaux cas du cancer du col de l’utérus en France
Si le Dr Péré rappelle que « 100 % des cancers du col de l’utérus sont liés à HPV et qu’une couverture vaccinale suffisante suffirait pour les réduire à néant », elle souligne également que « 40 % des cancers ORL qui concernent tout autant les hommes que les femmes ainsi que 90 % des cancers de l’anus sont également liés à HPV ».
En France, on dénombre 3 000 nouveaux cas de cancer du col de l’utérus tous les ans dont un tiers sera mortel. Autant de raisons de mettre en œuvre cette vaccination prophylactique à grande échelle qui continue pourtant de rencontrer de nombreuses réticences, même au sein du corps médical. Pour le Dr Péré, la vaccination anti-HPV « est une cible facile car elle s’adresse aux jeunes adolescentes, est liée à des infections sexuellement transmissibles (IST) et ne comporte pas de caractère obligatoire ».
Il faut renforcer l’adhésion des jeunes filles et de leurs parents
Et c’est peut-être là que le bât blesse en termes de message véhiculé auprès des parents. « Il est indubitable qu’il existe un problème de stigmatisation de la population féminine vis-à-vis de ces pathologies qui sont liées à une IST et donc à un tabou », reconnaît le médecin. Recommandée dès l’âge de 11 ans, « cette vaccination se heurte à l’hostilité de nombreux parents qui estiment qu’elle ne concerne pas leur fille, alors que 80 % des jeunes filles rencontrent le virus dans leur première année de vie sexuelle et qu’il est donc très important de les vacciner en amont pour que la production d’anticorps soit la plus efficace possible », ajoute-t-elle. Le fait que les recommandations incluent désormais les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH) jusqu’à 26 ans dans le périmètre des personnes à vacciner n’est d’ailleurs pas forcément la décision la plus judicieuse estime le Dr Péré : « Il aurait été plus juste et sage d’élargir la vaccination à tous les jeunes garçons afin d’éviter toute stigmatisation et de renforcer l’adhésion des jeunes filles et de leurs parents », conclue-t-elle.
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