Depuis quelque temps, certains pays, comme l'Inde et l'Afrique du Sud, des ONG, des partis de gauche et des personnalités réclament à la levée des brevets des vaccins contre le Covid-19.
Ainsi, 170 anciens chefs d'État ou de gouvernement - dont François Hollande, Gordon Brown et Ellen Johnson Sirleaf - et des Prix Nobel - comme l'économiste américain Joseph Stiglitz ou la virologue française Françoise Barré-Sinoussi - ont exhorté le président américain Joe Biden à soutenir une levée des brevets. Pour eux, c'est le meilleur moyen de multiplier les sites de production et de mettre enfin un terme à l'inégalité vaccinale, qui voit les pays riches immuniser de larges proportions de leur population quand certains pays pauvres n'ont accès qu'à très peu de doses.
Une mesure sans effets
Toutefois, pour les laboratoires pharmaceutiques, suspendre les brevets ou forcer le transfert technologique ne permettra pas de produire une seule dose de vaccin de plus et risque même d'avoir l'effet inverse. « Cela ne nous donnerait pas les outils nécessaires pour produire plus de doses de vaccins », affirme Thomas Cueni, président de la Fédération internationale de l'industrie pharmaceutique. Il souligne que 275 accords de production ont déjà été conclus entre laboratoires, parfois rivaux, pour atteindre l'objectif de 10 milliards de vaccins produits d'ici à la fin de 2021.
Tous les industriels ont souligné que le problème n'était pas tant la propriété intellectuelle que les barrières douanières ou les pénuries de certains ingrédients et outils qui peuvent stopper net la production. Ainsi, Michelle McMurry-Heath, présidente de la Biotechnology Innovation Organization (BIO), admet qu'il n'y a « qu'une poignée de laboratoires dans le monde qui ont l’expertise requise et nous devons concentrer nos efforts pour qu'ils puissent accéder aux ingrédients dont ils ont besoin pour produire le plus de doses, le plus vite possible ». Parfois une chose aussi triviale que la pénurie de sacs plastiques ou de filtres peuvent gripper la machine. Ou ce sont les lipides qui servent à protéger l'ARN messager des vaccins de Pfizer-BioNTech et Moderna qui manquent. Les industriels estiment que plus d'une centaine d'ingrédients entrant dans la fabrication de vaccins sont difficiles à se procurer à l'heure actuelle.
La position française
Le 23 avril, Emmanuel Macron s’est lui aussi opposé à une levée des brevets. En revanche, il a plaidé pour une mobilisation des capacités de production partout dans le monde, via des accords de licence et des transferts de technologies, comme cela est déjà le cas. De plus, le président français a appelé les pays disposant de vaccins à les partager avec les pays démunis, dans le cadre du dispositif Covax de l’OMS. Aujourd'hui, les livraisons de Covax restent limitées, avec 40 millions de doses de vaccins déjà distribuées dans 114 pays. Pour la France, « la cible de 5 % de doses données sera dépassée, avant la fin de l’année », a affirmé le président.
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