Le Premier ministre, Michel Barnier, a prononcé son discours de politique générale dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale le 1er octobre, accordant une place importante à la santé. Il s’est dit notamment très favorable à l’idée de poursuivre la politique d’extension des compétences des pharmaciens, dans la continuité des gouvernements précédents. Parmi les autres objectifs annoncés : inciter les internes à s’engager temporairement dans des déserts médicaux, lutter contre les fraudes notamment sur la carte Vitale, relancer les discussions autour du projet de loi sur la fin de vie, sans oublier l’augmentation du SMIC de 2 % dès le 1er novembre.
Son discours de politique générale était très attendu. Le 1er octobre, Michel Barnier a détaillé les grandes lignes de la politique qu’il souhaite mettre en place, dans un contexte politique toujours tendu, le gouvernement restant sous la menace de motions de censure venant des partis d’opposition. Le nouvel homme fort de Matignon n’a pas éludé les questions relatives à la santé, au contraire. La santé est en effet « au cœur des préoccupations des Français », a rappelé Michel Barnier, confirmant notamment sa volonté de faire de la santé mentale la grande cause nationale de l’année 2025.
Le nouveau Premier ministre n’a pas non plus oublié de parler des pharmaciens dans son discours. Il a en effet affirmé sa volonté « d’aller plus loin » dans la reconnaissance du travail des officinaux, soit continuer à encourager la délégation de compétences pour permettre à ces derniers de prendre en charge de nouveaux actes au comptoir. « Sur ce sujet, nous sommes dans la continuité de la politique précédente, salue Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Frédéric Valletoux (ancien ministre délégué à la Santé) avait annoncé vouloir inscrire encore davantage le pharmacien dans le parcours de soins, notamment en se basant sur ce qui a été fait avec le dispositif OSyS ou en s’inspirant des expérimentations en cours dans d’autres pays de l’Union européenne », explique-t-il, satisfait de voir que le chef du nouveau gouvernement semble être sur la même lignée. Le président de la FSPF attend désormais de voir ce que contiendra le prochain PLFSS, qui doit être discuté en séance publique à partir du 28 octobre à l’Assemblée, et espère rencontrer prochainement la ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, pour aborder ces sujets. Dans ce même objectif de délégation de tâches, le Premier ministre a aussi déclaré vouloir appuyer une « loi infirmiers-infirmières » pour « donner un rôle élargi » à ces professionnels.
Autre chantier prioritaire : la lutte contre les déserts médicaux. Pour tenter d’y remédier, Michel Barnier a évoqué un « plan Hippocrate », dont l’objectif serait d’inciter les internes, français comme étrangers, à « s’engager volontairement » dans des territoires en situation de désertification médicale. Permettre à davantage d’étudiants en pharmacie d’aller faire des stages dans ces territoires fragiles, c’est aussi l’un des buts que doit permettre d’atteindre la réforme du 3e cycle des études de pharmacie que syndicats et associations d’étudiants espèrent voir aboutir cette année pour une mise en place à la rentrée 2025. Michel Barnier veut également miser sur le développement des assistants médicaux, des bus médicaux, encourager le regroupement des professionnels de santé, la télémédecine et la télésurveillance ou encore le recours à l’intelligence artificielle… Autant de pistes censées permettre un meilleur accès aux soins pour les Français.
Le chef du gouvernement n’a pas non plus fait l’impasse sur la question des fraudes à la Sécurité sociale, en relançant l’idée d’une carte Vitale sécurisée qui permettrait « d’éviter le versement d’indus ». « L’annonce de Michel Barnier sur ce sujet n’était pas très claire, commente Philippe Besset. Lutter contre les fraudes est bien sûr indispensable mais je ne pense pas que le problème des cartes Vitales frauduleuses soit très important. Le problème des ordonnances frauduleuses, lui, est important. Sur les problèmes liés à la carte Vitale, c’est davantage un sujet de visibilité selon moi », analyse le président de la FSPF. Concernant un tout autre dossier, Philippe Besset espère que les débats autour du projet de loi sur la fin de vie pourront être véritablement relancés. Sur ce sujet sensible, Michel Barnier a simplement annoncé vouloir reprendre le dialogue avec le Parlement début 2025.
Par ailleurs, le Premier ministre a officialisé une hausse de 2 % du SMIC, qui sera en vigueur dès le 1er novembre et non au 1er janvier 2025 comme il en était question jusqu’à présent. Pour la pharmacie d’officine, cette annonce tombe entre deux séquences de négociations salariales entre représentants des titulaires et des salariés. Aucun accord n’avait été trouvé et une prochaine CPPNI* est prévue le 18 octobre. Cette hausse anticipée du SMIC vient rebattre les cartes. Pour citer un exemple, avec une hausse du SMIC de 2 %, un préparateur débutant (coefficient 240) ne gagnerait alors que 42 euros bruts de plus par mois qu’un employé payé au salaire minimum. « Cette hausse du SMIC va nous obliger à revoir notre copie », confirme Philippe Besset. Le 18 octobre, lors de la prochaine CPPNI, la FSPF avancera donc avec une nouvelle proposition qui tiendra compte de cette hausse de 2 % du SMIC, effective donc dès le 1er novembre.
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