Les soins de ville sont en train de déraper par rapport à l'objectif fixé par le budget 2024 de la Sécurité sociale et risquent de creuser de 500 millions d'euros supplémentaires le déficit prévu, selon le comité d’alerte sur l’évolution des dépenses d’assurance-maladie.
Ce sont des chiffres qui risquent d’inciter l’assurance-maladie à ne pas renoncer à certaines mesures envisagées pour faire des économies. Dans son dernier avis, dévoilé par le journal « Les Échos », le comité d'alerte sur l'évolution des dépenses d'assurance maladie, qui est chargé de suivre tous les six mois l'écart entre les dépenses réelles de l’assurance-maladie et l'objectif fixé par la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS), estime en effet qu’il existe « un risque élevé de dépassement du sous-objectif des soins de ville au vu de la progression de ces dépenses au cours des six premiers mois de l'année 2024 ».
Dans le détail, la LFSS prévoyait que les soins de ville représentent en 2024 une dépense de 108,4 milliards d'euros. Problème, sur les six premiers mois de l'année, « les dépenses brutes effectives » liées aux soins de ville ont progressé de +5,7 % par rapport à la même période en 2023, soit 1,5 point supplémentaire par rapport à l'objectif fixé de +4,2 %. L'écart concerne la plupart des postes de soins de ville : biologie médicale, transports de patients, honoraires des médecins spécialistes, des masseurs-kinésithérapeutes, arrêts maladie, médicaments et dispositifs médicaux, indique le comité, qui observe également « la dynamique » du volume des prises en charge.
Plusieurs variables devraient faire évoluer les dépenses au deuxième semestre soulignent néanmoins les experts du comité. Ces derniers citent notamment une augmentation des recettes via le doublement des franchises ou encore des hausses de dépenses après la revalorisation des tarifs des médecins libéraux, récemment conclue entre les syndicats et la CNAM. Tout cela pris en compte, le comité estime que les dépenses brutes pourraient déraper d'environ 1 milliard d'euros fin 2024.
La LFSS inclut toujours une réserve en cas de dépassements de l'objectif national de dépenses maladie (ONDAM) mais celle-ci est « insuffisante » jugent les experts., qui rappellent l'important déficit des hôpitaux publics et notent qu'une rallonge de 170 millions d'euros a été consentie mi-2024 aux établissements de santé privés lucratifs. En utilisant le peu de réserves mobilisables et en anticipant une baisse des dépenses de biologie médicale, récemment négociée avec les représentants des laboratoires d'analyses, le comité estime que l'ONDAM pourrait être dépassé de plus de 500 millions d'euros en fin d'année. Seul point positif, ce montant est toutefois inférieur au seuil d'alerte, fixé à 0,5 % du montant prévisionnel des dépenses, soit 1,3 milliard d’euros.
Avec l’AFP
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