« IMPLANTS, pilules, stérilet, diaphragme… Pas moins de quatorze moyens de contraceptions sont aujourd’hui disponibles sur le marché français. » Une variété pourtant mal connue des Français(es), qu’ils soient patients ou professionnels de santé. Et cette méconnaissance tend même à devenir un véritable problème de santé publique, puisque « chaque année quelque 360 000 interruptions volontaires de grossesse (IVG) sont recensées en France », explique Renaud Nadjahi, président de l’union régionale des professionnels de santé (URPS) pharmaciens d’Ile-de-France. Un problème d’autant plus inquiétant que ce chiffre continue d’augmenter et que les IVG sont plus nombreuses chez les jeunes femmes de moins de 25 ans. « Environ 15 000 seraient même pratiquées tous les ans sur des mineures », selon le Pr. Israël Nisand, gynécologue obstétricien du CHU de Strasbourg.
Parmi les régions où les femmes ont le plus fréquemment recours à l’IVG, « l’Ile-de-France tient malheureusement le haut du pavé », déplore Renaud Nadjahi, qui souhaiterait sortir du tout pilule et mieux faire connaître la contraception dans son ensemble. D’où l’idée de proposer à l’Agence régionale de santé (ARS) d’inscrire cette thématique au cœur de son plan de santé publique et de son schéma régional de prévention (SRP). L’objectif ? « Faire un état des lieux des connaissances des femmes en matière de contraception et leur donner des éléments clés, lors d’un entretien d’une quinzaine de minutes qui sera proposé à l’occasion de la délivrance d’un contraceptif », précise à son tour Florence Loyer, officinale installée dans les Yvelines et trésorière de l’URPS pharmaciens d’Ile-de-France.
Formation préalable.
En clair, les officinaux devront évaluer la faisabilité d’un entretien pharmaceutique sur la contraception à l’officine en le proposant systématiquement lors d’une demande de contraception d’urgence, voire à l’occasion de la délivrance de tests de grossesse et autres pilules. À charge ensuite pour eux de mesurer la satisfaction des femmes après cet entretien, puis de faire un état des lieux des connaissances des femmes en matière de contraception et, enfin, d’évaluer l’intérêt de la primodélivrance de la pilule en officine. Parallèlement, une ou deux questions seront systématiquement posées lors d’une délivrance ou d’un renouvellement de pilule.
Lancé en juin 2011, en partenariat avec l’Association française de la contraception (AFC), le planning familial et l’URPS sages-femmes, ce projet est en train d’être mis au point dans quelques officines parisiennes et des Yvelines. Il devrait entrer en phase expérimentale en octobre prochain. Une vingtaine de pharmacies devraient alors participer à l’expérience pendant deux mois ; le temps de peaufiner les derniers réglages pour être fin prêt au début de l’année prochaine et passer alors en phase de généralisation.
D’ici là, les officinaux volontaires devront avoir suivi une formation. La raison ? « La contraception est mal connue à la fois des patients et des professionnels de santé », indique Renaud Nadjahi. Une fois formés, les pharmaciens volontaires seront ainsi capables d’expliquer aux patients le danger des infections sexuellement transmissibles (IST), de présenter l’éventail complet des moyens contraceptifs et de rappeler les grandes lignes de la conduite à tenir en cas d’accident, et, donc, de risque de grossesse.
Et Florence Loyer d’ajouter : « il est aussi aberrant qu’inacceptable de laisser les femmes croire que la pilule du lendemain est devenue un moyen de contraception comme les autres, alors qu’elle ne doit être prise que dans des situations exceptionnelles. » Un projet qui fera écho à la campagne lancée la semaine dernière par l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) et le ministère des Affaires sociales et de la Santé, sur la contraception d’urgence.
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