Le Quotidien du pharmacien.- Quelles conséquences de l’inflation percevez-vous d’ores et déjà dans les comptes des TPE-PME ?
Yves Marmont.- Il est aujourd’hui prématuré de tirer des conclusions chiffrées mais il est certain que la hausse des coûts de l’énergie et des matières premières commence seulement à se faire ressentir sur les clients que sont les entreprises. En revanche, les sociétés de transports ont été touchées de plein fouet, même si elles peuvent percevoir des aides de l’État. Il est donc à redouter que l’augmentation du prix de ce service se répercute sur les prix de vente. Dans le même ordre d’idée, les laboratoires vont devoir ajuster leurs prix. Je pense que dans six mois, nous aurons plus de visibilité sur l’impact de la hausse de ces coûts indirects sur les entreprises.
Comment les entreprises peuvent-elles appréhender cette inflation résultant autant des conséquences de la pandémie que d’autres facteurs, comme la guerre en Ukraine ?
C’est un fait qu’aujourd’hui on n’a plus de « vrais prix ». Il s’agit d’une conjonction de plusieurs facteurs, la raréfaction de certains produits due au redémarrage de l’économie, à la reconstitution des stocks et aux délais de transports, des éléments sanitaires comme le reconfinement en Chine et la guerre en Ukraine. Pour autant, il est difficile pour les entreprises de répercuter ces coûts sur le prix de vente. Elles doivent tenir compte des aspects concurrentiels, notamment des comportements des consommateurs, toujours plus enclins à se procurer des produits sur Internet. Quant aux services, les clients veulent bien payer tant que ça ne leur coûte pas cher. Les entreprises sont donc prises en étau. Il y a fort à parier que leur marge en pâtisse. Car, elles ne pourront, par ailleurs, pas systématiquement augmenter leurs prix de vente parce qu’elles ont réévalué les salaires.
À ce titre, les revendications en termes d’indexation des salaires à l’inflation ne sont-elles pas finalement les conséquences les plus douloureuses pour les entreprises ?
De fait, il s’agit du poste à la fois le plus important et le plus délicat à appréhender. Car si l’État peut annoncer une hausse des salaires minima, ce sont au final les employeurs qui devront en supporter les coûts. Or beaucoup de TPE-PME, même si elles ont conscience que les augmentations de salaire sont nécessaires, ont peu de marge de manœuvre en termes de politique salariale. Et ce alors même que nombre d’entre elles sont confrontées à une grave pénurie de main-d’œuvre.
C’est là tout le paradoxe des TPE-PME, elles n’ont pas les marges qui leur permettent d’offrir des avantages sociaux comparables à ceux des grosses structures. En raison de ce manque d’attrait, elles ne pourront rivaliser avec les grands groupes. À diplôme équivalent, les candidats vont opter pour des employeurs leur offrant de meilleures conditions. Cela vaut, aussi, pour la pharmacie d’officine en ce qui concerne les pharmaciens salariés.
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